(article publié le 22 octobre 2020 sur le site lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr)
Le plan de renouvellement automobile (PRA) de la gendarmerie nationale 2021 prévoit une masse budgétaire permettant l'acquisition ou la rénovation de 45 engins blindés sur les crédits 2021 (voir mon récent post sur ce sujet). Cette option doit être validée par le directeur général de la gendarmerie nationale puis par le ministère de l'Intérieur et est conditionnée à l'adoption du PLF (projet de loi de finances) 2021.
Comme la rappelle la Direction générale de la gendarmerie, "l'acquisition d'engins neufs ou la rénovation d'engins existants (VBRG et VAB) ou une solution mixte sont trois options plausibles et qui devront être arbitrées. Si l'option d'engins neufs était retenue, un appel d'offres devrait alors être lancé par le service de l'achat, de l'innovation et de la logistique du ministère de l'intérieur (SAILMI) fin 2020 / début 2021".
Si l'option "rénovation" était choisie, la gendarmerie pourrait se tourner vers plusieurs prestataires dont Turgis & Gaillard qui a, sur fonds propres, reconstruit un VBRG dont voici la photo avant travaux :
Jeune entreprise fondée en 2015, Turgis & Gaillard dispose de 275 employés répartis sur un site près de Toulon et d'autres à Grenoble, Blois, Briec (29), Lorient, Saint-Dizier et Lorient. L'entreprise a inauguré, il y a quelques jours, un nouveau site en Lozère où s'est installé sa filiale SEFIAM. Fournisseur de premier rang de Dassault Aviation pour les matériels de piste du Rafale et du Mirage 2000, SEFIAM fournit des systèmes de mise à poste de munitions, des bancs de test etc. Sefiam participe également à l’entretien des Falcon.
"En octobre 2018, j'ai proposé au général Lizurey, alors directeur général de la gendarmerie nationale de reconstruire un VBRG. Il a accepté", explique Patrick Gaillard, le directeur général de l'entreprise. La gendarmerie a livré un de ses blindés déclassé à l'entreprise en mars 2019. Les équipes de Turgis & Gaillard se sont alors mises au travail, d'abord pour voir sur quoi devait porter la reconstruction de ce véhicule dont même le châssis avait souffert.
L'enveloppe disponible pour ce chantier était de 200 000 euros HT. "On a voulu faire du mieux possible", explique Patrick Gaillard qui reconnaît un léger dépassement de l'enveloppe initiale. Mais il y avait du travail...
Il a fallu remplacer l'obsolète moteur Berliet; le choix s'est porté sur un moteur Iveco, de la gamme civile de façon à abaisser les coûts". Pour la même raison, les pièces en fin de vie ont été remplacées, autant que possible par des pièces achetées sur étagères. Le pont et la boîte de vitesse ont été conservés mais entièrement révisés.
Sur le plan tactique, "nous avons installé une climatisant et un blindage supplémentaire dans l'habitacle "pour protéger les personnels des tirs d'armes de grande chasse. Vitres et hublots ont été changés et le véhicule repeint.
Le VBRG ainsi reconstruit, et prêt pour une nouvelle carrière de 20 ans, a été livré en août 2019 puis testé à Saint-Astier et à Satory. La gendarmerie s'est dite satisfaite du résultat.
Parallèlement au projet de Turgis & Gaillard, la société OMAT a effectué un travail similaire sur un VBRG et un VAB de la gendarmerie.
Ces initiatives confortent le camp des "rénovateurs" qui s'opposent à celui des "novateurs" partisans de l'achat d'un nouveau véhicule et soutenus par Arquus.
La décision entre du rénové, du neuf ou de l'hybride dépend aussi de l'évolution de la doctrine de maintien de l'ordre. Effectivement, comme on le reconnaît à la DGGN, "le choix de la future composante blindée découle du contrat opérationnel de la composante blindée de la gendarmerie. Ce dernier est en cours d'actualisation (état de la menace, spectre missionnel…). Il conditionne le volume d'engins à acquérir ou à rénover".
-12 janvier 2020 :
Dans l'Essor de la Gendarmerie de janvier, n° 537, un article présente une synthèse des choix opérés pour prolonger le potentiel "blindés" de la Gendarmerie pour les 30 prochaines années...
Merci à Pascal S. pour la transmission de cet article...

Turgis et Gaillard continue à tracer son sillon : le groupe formé par Fanny Turgis et Patrick Gaillard vient de le démontrer avec la remise à niveau d'un premier VBRG de la gendarmerie. Le contrat avait été notifié en janvier dernier, le VBRG remis en avril et ce premier engin est sorti de chantier à la rentrée (photos sur mon twitter) pour réintégrer la gendarmerie mobile. Le moteur a été remplacé par un Iveco, les ponts et boîte de vitesse ont été changés. Le blindage a été adapté pour prendre en compte les menaces de l'outremer.

C'est le bureau d'études interne au groupe, AA Rok, qui s'est chargé de l'ingéniérie, tandis que Sefiam s'est assuré du chantier, à Angoulême. Sefiam était un petits poucets accueillis sur le stand Dassault Aviation au dernier Bourget, sous la forme d'un chariot logistique pour charger le Rafale en armement.
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La gendarmerie recherche désespérément des blindés pour remplacer ses VBRG antédiluviens
Après avoir souhaité lancer un programme de nouveaux véhicules blindés, la gendarmerie pourrait rénover tout ou partie de son parc de blindés et en obtenir d'autres des forces armées. Une so...
11 décembre 2019 :
Chaque année, la Gendarmerie nationale a besoin d’acquérir entre 2.000 et 3.000 nouveaux véhicules afin de renouveler une partie de sa flotte, laquelle est, comme on peut se l’imaginer, très sollicitée. Seulement, avec les restrictions budgétaires passées et les gels de crédits budgétaires qui tardent toujours à être débloqués, l’âge moyen de ce parc automobile est passé de 4 ans et 10 mois en 2010 à 7 ans et demi actuellement…
Aussi, la Gendarmerie a recours à quelques expédients… En laissant ses unités de recherche utiliser les 1.300 véhicules saisis par ses services… Ou bien encore acceptant d’expérimenter des véhicules électriques, hybrides ou à hydrogène que lui confient certains constructeurs à cette fin.
« Je suis toujours prêt à expérimenter dès lors que l’on me donne le matériel gratuitement et que cela peut contribuer à l’effort de modernisation », a confié, à ce sujet, le général Richard Lizurey, le directeur général de la Gendarmerie nationale [DGGN], lors de son ultime audition au Sénat.
Ces difficultés relatives à son parc automobile concernent évidemment les blindés du Groupement blindé de gendarmerie mobile [GBGM] de Satory, lesquels ont montré, a souligné le DGGN, « l’intérêt qu’ils pouvaient représenter » lors du mouvement des « gilets jaunes ». Mouvement qui, par ailleurs, a mis la gendarmerie « sous tension », a-t-il observé.
Or, ces « Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie » [VBRG] sont en service depuis plus de 40 ans. Aussi, la question de leur remplacement se pose depuis maintenant plusieurs années… Et la contrainte budgétaire fait qu’aucune solution n’a pu être trouvée jusqu’alors.

S’il tend à s’améliorer, le contexte budgétaire ne permet toujours pas à la gendarmerie de se procurer de nouveaux véhicules rutilants. C’est en effet ce qu’a encore souligné le général Lizurey devant les sénateurs. Aussi, la solution consistera à faire du neuf avec du vieux… Comme l’avait d’ailleurs laissé entendre le général Michel Labbé, chef de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale [IGGN], au printemps dernier.
« Nous avons beaucoup travaillé, depuis maintenant quelques mois, sur le rétrofit des blindés existants », c’est à dire des VBRG et des Véhicules de l’avant blindé [VAB] dont va se séparer l’armée de Terre, a indiqué le général Lizurey. Pour rappel, la Gendarmerie en avait récupéré une quinzaine d’exemplaires lors de son engagement en Afghanistan, en 2009.
Le souci est que la gendarmerie mobile a des besoins particuliers : il lui faut en effet un véhicule à la fois blindé, pour assurer une protection des gendarmes à transporter, et muni d’une lame fixée à l’avant afin de pouvoir dégager les obstacles. Et, pour cela, il faut que le moteur soit à l’arrière. Et, pour le moment, aucun modèle neuf sur le marché ne correspond à ces spécifications.
« L’idée est bien d’arriver vers ce modèle de rétrofit », a insisté le général Lizurey. Cela « permettra de diviser par 4 ou 5, au moins, le coût d’acquisition d’une capacité renouvelée », a-t-il assuré.
A priori, les essais effectués avec les premiers prototypes [2 VBRG remotorisés et 1 VAB « gendarmisé »] sont concluants. « Les résultats, à ce stade, sont extrêmement intéressants et on s’achemine plutôt vers cette solution que vers l’achat de blindés neufs, qui pourraient être très chers et qui, aujourd’hui, n’existent pas sur étagère en tant que tels », a précisé le DGGN.
Finalement, la Gendarmerie va donc se résoudre à adopter une solution qui fut proposée par Renault Véhicules Industriels [RVI, devenu ARQUUS après avoir été Renault Trucks Defense, ndlr] à la fin des années 1970. Il s’agissait de construire un véhicule de maintien de l’ordre [VMO], qui était en réalité un VAB équipé d’une lame de déblaiement, d’un kit anti-cocktail Molotov, de sabords de tir et d’un tourelleau d’observation.
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Pour ses blindés dédiés au maintien de l'ordre, la Gendarmerie mobile fera du neuf avec du vieux
Chaque année, la Gendarmerie nationale a besoin d'acquérir entre 2.000 et 3.000 nouveaux véhicules afin de renouveler une partie de sa flotte, laquelle est, comme on peut se l'imaginer, très ...