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-7/8 juin 2025 :
Hkl 6 + 75mm Pak 97/38
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(1/48 - par Thomas SEIGNON)
Les photographies constituent une source classique d’inspiration pour le maquettiste ; elles traduisent une époque, un évènement ou encore une ambiance qui constituent autant de points de départ pour se lancer dans le concret d’une reproduction en trois dimensions. Cependant la démarche de reproduction la plus précise possible à partir d’une photo reste un sport un peu particulier (qui se traduit souvent dans les concours par une catégorie spécifique, dite « d’après photo »).
J’avais déjà eu l’occasion dans ces lignes de pratiquer cette démarche à partir d’une photo qui illustre la rencontre des troupes françaises et américaines à l’occasion de la libération d’Autun en septembre 1944 (AM M 20 française et AM M 8 américaine).
Cette fois je me concentre sur un seul véhicule dont l’originalité repose sur le fait qu’il est probablement unique et qu’il représente l’adaptation d’un engin allemand bien connu par une armée française qui, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, doit faire flèche de tout bois
Cette photo qui a déclenché le processus provient d’une série prise par l’AMX fin 1948 d’un SdKfz 251 Ausf D (Hkl 6 dans l’appellation française qui revient ainsi à la nomenclature industrielle d’origine chez Hanomag) sur lequel a été monté le très français canon de 75 mm Mod 1897 qui a « bénéficié » d’une série de modifications faites par les Allemands pendant l’occupation, le tout à la demande du ministère des colonies en vue d’un déploiement en Indochine. Difficile de faire plus original !
Derrière cette idée exotique, on trouve deux bases de travail solides : le SdKfz 251 de Tamiya (Ref 32564) et le 75 Pak 97/38 de Gaso Line (Ref GAS 50273 K). Néanmoins, à la lumière des photos disponibles, notre engin présente quelques caractéristiques qui le différencient du semi-chenillé de base que nous propose Tamiya.
L’ouverture du blindage avant en vue d’améliorer la ventilation du moteur ainsi que l’adaptation au canon de la face avant du poste de pilotage comptent parmi les plus visibles. Néanmoins, comme on peut le voir sur la photo suivante, ce ne sont pas les seules.
La monte pneumatique constitue un autre point de différenciation notable. J’ai conservé les roues d’origine en y adaptant des pneus dont la sculpture correspond mieux au modèle (un grand merci à l’équipe de Quarter Kit !).
Le train de chenille, heureusement proposé en sections par Tamiya, présente un bon niveau de détail qui peut cependant être amélioré par le percement (foret de 0,3mm) de six orifices… Par maillon ! Je vous avoue avoir un peu hésité à me lancer dans cette galère qui reste néanmoins cohérente avec la démarche initiale de reproduction ’’au plus près’’… Et le résultat n’est d’ailleurs visible qu’au plus près… Ici à droite !
Après avoir sacrifié trois forets et fait usage d’un vocabulaire que la décence élémentaire m’interdit d’évoquer ici, je me trouve ensuite dans une situation inverse de la précédente car je ne dispose d’aucun document qui montre l’organisation intérieure du véhicule dans son intégralité. Je dois me contenter d’une photo qui illustre l’intégration du canon sur le châssis. C’est mieux que rien, mais pour le reste l’imagination est au pouvoir avec trois options envisageables :
1- ne rien changer (peu réaliste… Et un peu facile !).
2- Créer de toute pièces un environnement intérieur compatible de l’expression de besoin qui prévoyait l’emport de 50 à 60 obus de 75 (est-ce seulement possible?).
3- Rester dans la logique de système D qui caractérise l’engin en permettant l’emport de quelques obus en vue des tirs d’évaluation. J’ai opté pour cette dernière solution avec la mise en place de 6 obus d’urgence et de quatre caisses de transport.
Le montage du canon ne pose pas de problème particulier puisqu’il s’agit surtout de se passer de pièces devenues inutiles pour ce projet. Reste donc à recouvrir les éléments qui le nécessitent d’un voile d’apprêt.
La phase de mise en couleur à partir de documents en noir et blanc autorise un certain degré de ’’licence artistique’’ qui doit néanmoins, en ce qui concerne ce travail, s’inscrire dans un cadre très contraint. Nous avons à faire à un engin manifestement « neuf » et ma perception de la photo de départ m’oriente vers un châssis et un train de roulement recouverts d’une couleur sombre mais très brillante (?), une caisse blindée dont la teinte n’apparaît pas totalement homogène et par ailleurs presque satinée et enfin un canon qui me semble plus sombre et plus mat que la caisse.
Au résultat j’ai traité le châssis et le train de roulement avec un vert très sombre (PA Air Ref 018 vert noir IJA) qui sera traité en vernis brillant (sauf, évidemment, les pneus ainsi que la bande de roulement des galets), la caisse reçoit une couche de base vert foncé olive (PA Air Ref 80) traité en vernis satiné dilué et enfin le canon est peint en vert foncé (PA Air Ref 019 vert foncé IJN).
Ce choix suppose un montage par morceaux qui permet d’abord l’adaptation des chenilles, dont les éléments ont été préalablement peints (Lifecolor tracks set Ref SPG 02), puis la mise en peinture des éléments qui s’inscrivent à l’intérieur de la caisse (à ce stade, le canon n’est pas encore fixé définitivement).
Une attention particulière doit être portée à l’assemblage des pièces constitutives de la partie supérieure de la caisse de façon à pouvoir se concentrer ensuite sur la modulation de la teinte de base. À cet effet, après s’être assuré du séchage parfait de la couche de vernis, j’utilise des petites touches de peintures à l’huile diluées au pinceau trempé dans de l’essence à briquet.
Cela va contribuer à éclaircir localement la teinte de base et si vous en avez un peu trop fait, il est toujours possible de se rattraper en vaporisant un voile localisé à partir de la teinte de base fortement diluée.
Après avoir fixé le canon dans sa position définitive, la tentation est évidemment assez forte de comparer la maquette avec le modèle d’origine ; ce qui me confirme que la perfection n’est pas de ce monde...
Ceci dit, le simple fait de peindre un SdKfz 251 en vert armée constitue un petit plaisir dont je ne me suis pas privé.
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Enseignant-chercheur, Patrick Cansell est docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, est diplômé du Master Défense de Paris II Assas Panthéon, du Master « Intelligence Economique » de l’Université de Paris - Marne-la-Vallée (Université Gustave Eiffel) qu’il codirige en tant que professeur associé depuis 2011, ainsi que du Master 2 "Géopolitique européenne" de la même université.
Géographe et historien de formation initiale, il travaille quelques mois au sein de la DGA/DRI sur un état des lieux mondial des chars de combat puis des autres véhicules blindés avant de rejoindre la direction marketing de Giat Industries [Nexter], au sein de laquelle il complète ses travaux et effectue des analyses concurrentielles sur le domaine des chars de combat. La synthèse de ses travaux sur les marchés futurs de chars de combat à 20 ans sont publiés dans la revue L’Armement en juin 1996.
Il effectue alors son service national et réalise dans ce cadre des analyses prospectives sur les problématiques des risques et menaces futurs au sein de la Direction du Renseignement Militaire à partir de 1997 en tant qu'officier analyste. Il y est ensuite réserviste pendant une dizaine d'années, et diplômé ORSEM en 2003 – il est alors analyste des complexes militaro-industriels de « rogue states » et expert « industrie de défense et programmes futurs » dans les réunions bilatérales entre la DRM et ses homologues britanniques – il travaille notamment à l’évaluation du programme de char de combat d’un pays sensible de la zone Moyen Orient.
En parallèle, il revient au sein de Giat Industrie de 1998 à 2005. Il y crée la fonction « Intelligence économique » dans le cadre de son doctorat sous la direction de l’Amiral Pierre Lacoste (ex-DGSE) et de Clément Paoli (DGA/CEDOCAR) puis occupe le poste de responsable Intelligence stratégique - il réalise des travaux pionniers en Intelligence économique (il intègre le Top 100 de l’Intelligence économique en France en 2003) et l’une des premières thèses de doctorat sur le sujet. Il travaille notamment sur des comparatifs de plateformes de combat blindés, intervient sur l’analyse concurrentielle du marché des chars (Grèce, Arabie saoudite) et sur le suivi des entreprises étrangères produisant des blindés. Il crée en 2000 une base de données partagée sur l’intranet de l’entreprise, dédiée aux parcs mondiaux de blindés depuis 1945 à partir de sources ouvertes, de veille salons et de comptes-rendus internes.
Patrick Cansell crée son cabinet-conseil en 2005, Artem Information & Stratégies, qui intervient auprès de clients grands comptes (grande distribution, banques, assurances, industries, etc.) en France et à l’étranger sur le thème des Risques et des Crises en France et à l’International. En parallèle, Patrick Cansell poursuit des travaux sur les thématiques Défense et Sécurité : études prospectives et études technico-opérationnelles pour DGA/CATOD, études sectorielles au profit d'acteurs industriels, notamment sur des enjeux de sécurité, de numérisation du champ de bataille et de rupture technologique, d’emploi des robots terrestres et de drones ou encore des armes à effet dirigés, en particulier pour le GICAT au profit duquel il intervient depuis 11 années au rythme d’une étude Défense et Sécurité chaque trimestre, soit 44 études à ce jour sur les équipements, enjeux et technologies.
A partir de 2009, il recrée une base de données sur les marchés et parcs de véhicules blindés à l’international, y intégrant les perspectives d’acquisition à partir de modélisation. Il réalise également des études de marché (chars de combat, véhicules blindés) et contribue à des études technico-opérationnelles pour des systémiers et intégrateurs (Thales, Nexter, Renault Trucks Defense), des équipementiers (NBCSYS, OPTSYS, Kongsberg, Sofradir par exemple), des cabinets conseils (Cap Gemini, DCI) ou encore pour des munitionnaires (MBDA, Denel Dynamics).