-18 juin 2019 (MAJ 9 juillet 2019) :
Lors de la mission BARKHANE dans la bande sub-saharienne, les forces spéciales engagées sur le terrain, couvrent des zones géographiques gigantesques. Le ravitaillement des hélicoptères du 4ème RHFS, ne peut se faire qu’à partir de véhicules itinérants au sol, postés sur les points de ralliement des hélicoptères revenus de patrouille.
Un seul véhicule simple et robuste était conçu pour reprendre, ce qu’autrefois les Berliet Gazelle assuraient dans le Sahara algérien : l’ACMAT !
En 4x4 ou en 6x6, quelques-uns d’entre eux furent transformés en avitailleur, par l’ajout d’une citerne souple en caisse et d’un plateau de travail TITAN Aviation, spécialiste de l’avitaillement.

Difficile de connaitre le nombre exact, d’autant qu’il semble que certains furent évolutifs au fur et à mesure de leur mission, transformés, modifiés et adaptés selon les besoins de l’équipage. (Gruette de manutention, armement de sabord ou/et en plateau de travail, barre coupe fil, phares supplémentaires, roues de secours additionnelles…).

Conçu également avec un seul dévidoir et deux groupes motopompe ROBIN DY23 (un de remplacement), une version plus lourde, a cette fois été équipée de deux dévidoirs simultanés.
Un 6X6 TPK 6.40 fut aperçu furtivement dans un reportage de France 2 saisi en photo lors de sa diffusion et traité en maquette par Eric B. sur MILINFO.

D’autres apparurent çà et là ou dans le magazine TIM des armées que m’avait transmis avec beaucoup de gentillesse Pascal BTR, que je remercie ici chaleureusement.

Le dernier en date, plus lourd et plus gros, est monté sur un TPK 6.50 et fut présenté lors du dernier salon des Forces Spéciales, le SOFINS 2019 où mon ami Thomas S, s’est «lâché » sur son numérique pour me prendre les moindres détails de cette bête de somme ! Mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai…en maquette bien sûr !

Pour l’anecdote, l’un de ces avitailleurs 6.40 a sauté sur un IEED. Partiellement détruit mais irréparable, l’armée a fini le travail après avoir récupéré l’essentiel réutilisable.

L'ACMAT TPK 6.40 AVITAILLEUR 4ème RHFS « NIOKOLO »
Sur base Cef-Replex - 1:50 - Par Jérôme Hadacek
Le châssis :
La récupération depuis bien longtemps de modèles CEF Replex abîmés, me permet ces transformations, en déshabillant un 6.40 Transport de troupes. Peu de modifications sur le châssis à l’exception des portes jerrycans, remplacés par des modèles personnels en pliages de chutes de photodécoupe soudés.
Le coffre frontal entre les longerons, laisse place à un treuil et un pare choc ajouré pour le passage du câble. Les longerons avant et arrière accueillent des mains d’accouplement. Bien sûr, des pneus JHProd à la gravure extrêmement fine, remplacent avantageusement les CEF Replex d’origine
La cabine :
Récupérée du modèle CEF Replex, le côté conducteur est arrasé du lot pionnier et de la roue de secours reportée en caisse, on ne conservera que la platine de support en laiton, qui demeure en lieu et place sur le flanc de cabine.

Côté passager, une ANF1 de sabord, est montée sur monopode devant le tableau de bord. Le pare-brise repris en résine, est travaillé de façon à le restituer complétement ouvert sur le cadre par compas de coulisse.

La caisse à ridelles :
Peu de surprise, quand on finit par avoir toutes les pièces du puzzle ACMAT, il y a juste à piocher ou interchanger ! C’est le cas pour cette caisse de 6.40 à ridelles dissymétriques que j’avais déjà en stock. En revanche, le plateau TITAN Aviation est à créer de toutes pièces en plasticard et profilés EVERGREEN. Il est habillé de plaques anti dérapantes HAULER au 1 :48 selon le calepinage de la trappe d’accès de remplissage de la citerne souple et de l’ouverture d’accès pour le branchement du groupe motopompe sur la citerne souple. A noter que la bordure des plaques, a été conservée pour faire le liseré d’ancrage des anneaux d’attaches. Le plateau est également construit de façon à se brocher sur la caisse, pour y placer ultérieurement la citerne souple (Vert OTAN) mais aussi parce qu’il est d’une couleur différente (Vert Forêt).


La citerne souple :
Même si on ne la voit pas vraiment, on la devine ! Une forme en pâte modeler est sculptée avec angles et plis, puis placée…au réfrigérateur pour qu’elle durcisse bien. Une empreinte et un moulage permettent un travail de détaillage avant de la placer en caisse. Vanne de remplissage, évent de dégazage et raccordement à la motopompe, donneront un plus réaliste à cette masse.


La barre coupe fil :
Conçue de toute pièce en corde à piano laiton soudée, elle démarre d’un « pare buffle » protégeant deux phares additionnels, pour venir se ficher dans le dosseret du plateau avitailleur. Une lame coupe fil est rapportée soudée sur la tubulure.

La gruette :
De la corde à piano et du tube laiton soudés entre eux et le tour est joué. Une poulie en terminaison de tubulure et un tambour de câble avec manivelle à cliquet à l’opposé et on obtient cette petite gruette de manutention. Le piétement est composé d’une tubulure d’emboitement soudée sur platine et équerrée en quatre points.

Les groupes motopompe :
Créés complètement, je me suis inspiré des photos de détails prises par mon ami Thomas S. sur le 6.50. Il s’agit des mêmes motopompes sur tous les avitailleurs, ROBIN DY 23 modifiés spécialement pour l’armée, puisqu’on trouve sa version civile et ses plans en éclatés sur internet, qui aident à comprendre et à construire un prototype qui sera ensuite dupliqué. Le cadre de protection suivra la même logique, avec un master duplicable.

Le dévidoir :
En partant d’une plaque de laiton, taillée et pliée à la forme voulue, toujours d’après des essais d’un petit patron de carton, des moulurations de renforts en laiton y sont rapportées avant de fixer le dévidoir. Ils sont eux-mêmes composés de deux « volants » fixés sur une section de tube d’aluminium.

Accessoires :
Côté droit, un panier grillagé de fortune, a été construit et greffé à la caisse pour un emport additionnel. Il est composé d’une platine laiton et de grillage photodécoupé, broché sur axes pour le fixer ultérieurement à la caisse.
A l’arrière, une échelle d’accès est accrochée au hayon par des cavaliers soudés en travers. Elle est entièrement construite à partir d’une base en white métal.
Parmi les nombreuses pièces présentes sur ce modèles, la plupart d’entre elles ont été confectionnées de toute pièce, comme la base d’antenne, les caisses à outils, les piétements de mitrailleuses ANF1, les supports de caisse à munition, les cartons et packs de bouteille d’eau, le filet type aviation pour retenir tout cela…

Les caisses techniques :
Plusieurs caisses sont embarquées sur le plateau technique TITAN Aviation. Elles servent à y stocker le matériel nécessaire à l’avitaillement : pistolet, raccords de vannes, tubulures etc… Toutes taillées dans des blocs de résine, elles sont détaillées de leurs poignées, charnières d’articulation, couvercle pour certaines et clips de fermeture et de verrouillage.

Côté gauche un jeu de deux plaques PSP retaillées, est issu d’un set Verlinden au 1 :48. Elles seront également brochées à la caisse.
Les roues de secours évidées de leur moyeu, proviennent de moulages en résine, commercialisés par JFD.
Un chargement est constitué des éléments visibles sur beaucoup de ces camions et chargés à la gruette de manutention. Fûts de 200L, mais également paquetages en tous genres, toiles roulées, et autres bidons et jerrycan spécifiques. Assemblés les uns aux autres dans une construction logique et vraisemblable, une toile papier enduite sert de bâche partielle au chargement.

La prochaine étape consistera à sa mise en peinture… ; les couleurs hétéroclites sont nombreuses sur ces véhicules construits de bric et de broc. Du sable et brun, camouflage réglementaire, du vert forêt et OTAN se mélangent avec parfois des reliquats de bariolages 3 tons Europe.
Mise en peinture et montage :
L’atout principal de ce modèle, est sa diversité de couleurs. Construit d’une façon quelque peu artisanale, il est composé à partir du plateau TITAN d’un vert forêt de base et de ses accessoires, conservant eux, un vert armée OTAN classique (caisses technique, groupes motopompe, gruette de manutention).
Le véhicule seul adopte un bariolage 2 tons désertique composé d’un sable Mocka MOLOTOV en aérosol, recouvert de bandes brunes à l’aérographe, d’un mélange de FLAT EARTH Réf XF52 et d’une pointe de NATO BROWN Réf XF68 de chez Tamiya.
Quelques détails sont recouverts de noir mat, comme une roue de secours, le panier additionnel et la barre coupe fil, zébrée d’un camouflage DARK YELLOW réf XF60.
Les chargements et bien d’autres éléments, sont colorés avec des peintures diverses, soit en bombes aérosol, soit à l’aérographe et faisant appel à la diversité de coloris de toiles, tôles, plastiques rencontrés sur les engins et dans les différents équipements.
Des cartons de bouteilles d’eau ont été réalisés à l’aide de moulage peints en banc et patinés, recouverts ensuite d’une marque d’eau minérale bien connue. Les packs sont un assemblage de bouteilles X6 et coulées à la résine translucide ou la colle époxy double composant translucide également. Ils sont tous maintenus sous un filet de transport.
D’autres équipements sont eux aussi recouverts du vert forêt du camouflage 3 tons Europe, puisqu’ils sont souvent cannibalisés sur des engins en provenance de la métropole (piétements d’armes, base d’antenne et parfois porte roue de secours…).
Une patine générale est appliquée sur le modèle à l’aide d’un jus de terre d’ombre naturelle très dilué, pour faire ressortir les ombrés. Ensuite, c’est un badigeonnage complet en partie basse de « terre pourrie », pour simuler l’empoussièrement de l’engin. Il sera répété de façon plus légère sur la partie haute.
Bien que beaucoup soient passés aux peintures acryliques, pour les détails, je reste très attaché aux peintures glycéro type Humbrol, dont le travail est plus aisé et malléable à l’infini avec des dilutions plus ou moins fortes au white spirit. Du point de détails en peinture grasse et épaisse, aux « jutailles » diluées, la gamme d’une seule couleur, varie selon ce procédé et augmente encore en faisant des mélanges avec une pointe de vert, de noir, de brun etc… Techniques bien pratiques pour la variation de coloris des paquetages et autres toiles.
Un véhicule très exotique et surement réalisé en quantité infinitésimale pour les besoins sur site et dont le rapatriement un jour en métropole, ne sera qu’une étape avant de repartir sur un autre théâtre. Plusieurs de ces engins modifiés en OPEX, ne correspondaient plus aux standards code de la route français et étaient ré expatriés sur d’autres zones.
Ne me reste plus qu’à m’attaquer au chantier du 6.50… !
Jérôme Hadacek
Revue de détails :