-15 novembre 2015 :
Tous les passionnés l’auront su, Monsieur Gérard GOURDON - ANGEGO (contraction du prénom de son fils, du sien et de leur nom de famille), a cessé définitivement son activité. Pendant des années, il nous a régalé de somptueux modèles au 1:48 en white métal fabriqués par Alan SMITH et majoritairement axés sur les engins militaires américains de la deuxième guerre mondiale.
Certains d’entre eux sont désormais très recherchés et atteignent parfois des sommes déraisonnées et déraisonnables, alimentées par quelques spéculateurs. Après de nombreux articles dans le magazine STEEL MASTERS de la maison d’édition HISTOIRE & COLLECTIONS, j’ai eu le plaisir « d’hériter » en souvenir des nombreux montages et améliorations effectués, d’un modèle prototype de chez ANGEGO et des moules qui l’accompagnent.
Peut être serait il intéressant d’expliquer les techniques de moulage du white metal et également aussi, de démystifier quelques croyances alimentant la frénésie autours de certains modèles.
Le master:Des pièces laiton usiné, tourné, gravé et/ou soudé, constituent de l’ensemble des éléments du kit, le prototype doit le plus souvent être en métal pour supporter à la fois la grande chaleur de la cuisson et la pression à laquelle les galettes de caoutchouc sont soumises. L’introduction de pièces en résines sont possible à la seule condition que la résine ait été préalablement débullée lors du coulage. Sa cuisson à forte température rendra votre pièce maîtresse quasi inutilisable, devenue friable et cassante. Un moule pour white métal, ne supporte aussi aucun collage à la colle cyano acrylate, et tolère seulement la colle époxy double composant. Le plastique est proscrit et autres matériaux ne supportant ni la pression ni les hautes températures.
Le moule: Composé d’une première galette en caoutchouc « cru » de différentes épaisseurs et couleurs selon leur rigidité et leur résistance, ou les pièces plus ou moins épaisses à mouler, les éléments sont disposées en périphérie, respectant un équilibrage des grosses et des petites. Il faut aussi bien comprendre, ce qui va devenir le « plan de joint »… la jonction entre les deux moules et qui risque de faire un décalage ou la zone de fuite qui sera à ébarber pour le monteur. Il est donc nécessaire d’enfoncer ou de poser, les pièces délicatement dans la pâte, ou de les poser sur un promontoire épousant la forme de la pièce (ailes, capot..).
Une fois cette étape réalisée, des « clous » de centrage et de calage seront posés sur le cercle extérieur. Une couche de talc parfaitement appliquée, empêchera la soudure des deux galettes et donc de « noyer » vos pièces Master dans du caoutchouc cuit, dur comme du pneu de voiture !
La cuisson: Elle se fait dans un moule serré et pressé pendant 3 à 4 heures et au refroidissement, une fois les pièces master retirées, sera taillé à la lame Exacto pour créer les alimentations. Plus ou moins grosses selon la taille de la pièce, plus ou moins nombreuses selon le besoin de métal, plus ou moins fines selon la délicatesse, elle se fait à partir de la pièce vers le centre du moule, pour que le dégrappage soit le plus aisé. Pour des petites pièces très fines ou complexes, il est parfois nécessaire de créer un évent vers l’extérieur pour faire un appel d’air et « tirer » le métal.
Le moulage: Il se fait à l’aide d’une centrifugeuse qui se règle en pression et en vitesse de rotation, toujours à régler selon le moule. Le white métal est coulé en fusion à partir d’un creuset et vient remplir par les alimentations en « soleil », les différentes pièces. Il convient ici d’ajouter un petit bémol concernant le métal utilisé. Nos amis britanniques utilisent un alliage « pauvre » constitué en majorité de plomb, une matière première moins couteuse. C’est ce qui explique la souplesse des pièces, parfois cassantes ou trop molles. Un alliage riche est certes plus couteux mais il est la garantie d’une bonne tenue dans le temps sans « métal fatigue ». En France, nous utilisons le plus souvent des barres d’alliage de plomb (la matière), étain (fluidité) et antimoine (rigidité).
Le kit: Toutes les pièces en white métal rassemblées sous blister, sont additionnées du nombre de pneus, de clips « SMITH » en plastique noir pour les roues, de la grille de calandre en photodécoupe, la bâche arrière en résine, un petit rodhoid translucide pour le pare brise, de petits strass pour les phares, les vis et une planche de décalcomanies pour la décoration…..sans oublier le principal…la notice de montage !
Pour éviter les demandes, une précisons est nécessaire. Les moules réalisés par Alan SMITH s’utilisent le plus souvent sur des centrifugeuses à l’anglaise, alors que les moules français, s’adaptent la plupart du temps sur des machines d’origine italienne. Une réutilisation de ceux ci est donc très difficile !
Heureusement Monsieur GOURDON a eu la sage décision de transmettre l’ensemble de ses masters, qui seront sans nul doute, merveilleusement réutilisés, améliorés transformés et sur détaillés au gout du jour…..nous attendrons tous leur réédition avec grand plaisir !
Jérôme HADACEK
Photo n°1: Exemple d’un moule avec les pièces master dans » leurs logements ». Les roues ont été laissées vides pour montrer comment se fait l’alimentation des pièces.
Photo n°2: Les éléments du prototype en laiton montés à blanc et disposés sur un autre moule de pièces.
Le master complet du MACK NO 1:48 ANGEGO