-11 novembre 2016 :
Souvenir et respect
En ce 11 novembre, faisons ensemble un grand bon en arrière... Quittons le confort, même si tout n'est pas parfait, de cette fin d'année 2016 pour nous retrouver 98 ans en arrière...
Nous sommes le 18 novembre 1918. Il est 11h00... Dans toute la France, les cloches des églises sonnent à la volée. Sur le front, les clairons jouent le « Cessez-le-Feu ». La Marseillaise jaillit à pleins poumons des tranchées, côté français. Le même soulagement se fait entendre, en face, dans le camp allemand.
Pour la première fois depuis quatre ans, Français et Allemands peuvent se regarder sans s'entretuer.
Un armistice est conclu... Les généraux allemands et alliés se réunissent dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, dans un wagon-restaurant aménagé qui provient du train d'État-Major du Maréchal Foch.
Celles et ceux qui ont survevu aux horreurs de la guerre ont perdu, et on peut les comprendre, la foi dans les valeurs morales et spirituelles qui ont fait la grandeur et l'unité de l'Europe. Mais ils veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la der des der !
Alors en ce jour de cessez le feu, d'armistice, de victoire, chacun voudrait être heureux et faire la fête. Mais le bilan de cette guerre qui s'est arrêtée le 11 novembre 1918, il y a 98 ans, est abominable...
La Première Guerre mondiale devait être une guerre courte et facile. Elle aura été un conflit d'une violence et d'une ampleur inédite !
Guerre totale, elle a mobilisé toutes les forces du pays : militaires, économiques, sociales...
Elle ne s'est pas terminée par une écrasante victoire mais plutôt par l'épuisement des Etats en conflit et l'Allemagne s'est effondrée de l'intérieur...
Le bilan humain s'élève à environ 9 millions de morts et 8 millions d'invalides, les « gueules cassés », soit environ 6 000 morts par jour.
Proportionnellement, la France est le pays le plus touché avec 1,4 millions de disparus, soit 10 % de la population active masculine.
A ce bilan déjà terrible, il convient d'ajouter un déficit des naissances très important et un bilan matériel très lourd : grave pénurie de main d'oeuvre, désorganisation des circuits commerciaux traditionnels,... problème de la reconversion de l'économie de guerre en économie de paix. Des dizaines de milliers d'hectares sont dévastés. Les pertes matérielles et humaines s'accompagnent aussi de changements sociaux : aspiration à la paix, mise en avant de la femme, réorganisations de la société...
Même si les temps sont difficiles, une autre société est en marche... Petit à petit, le souvenir des attrocités de la guerre se fait moins oppressant.
Pourtant, la folie humaine, qui semble s'être assoupie en forêt de Compiègne, ne va pas tarder à se reveiller et conduire le monde vers un nouveau conflit mondial.
Ainsi donc le bilan tragique de la der des der n'aura pas suffit à raisonner les faiseurs de morts. Ceux qui prennent le pouvoir, assoiffés de revenche, pour étancher leur soif de pouvoir sur le monde.
La Seconde Guerre mondiale qui va suivre sera le conflit le plus meurtrier de l'histoire avec quelques 60 millions de morts.
Ci-dessous, la lettre d'un soldat français à sa fiancée. Une lettre écrite dans l'enfer d'une tranchée de Verdun :
Verdun, 18 mars 1916...
"Ma chérie,
Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S’il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m’a coûté mon pied gauche et ma blessure s’est infectée. Les médecins disent qu’il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j’ai été blessé.
Il y a trois jours, nos généraux nous ont ordonné d’attaquer. Ce fut une boucherie... Au début, nous étions vingt mille. Après avoir passé les barbelés, nous n’étions plus que quinze mille environ. C’est à ce moment-là que je fus touché. Je perdis connaissance et je ne me réveillai qu’un jour plus tard, dans une tente d’infirmerie. Plus tard, j’appris que parmi les vingt mille soldats qui étaient partis à l’assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre.
Dans ta dernière lettre, tu m’as dit que tu étais enceinte depuis ma permission. Quand notre enfant naîtra, tu lui diras que son père est mort en héros pour la France. Je t’aimerai toujours. Adieu »
Cette lettre bouleversante symbolise de facon tragique l'ampleur des drames humains occasionnés par la guerre, par toutes les guerres.
La Première Guerre mondiale ne fut pas la der des der. Chaque jour qui passe, des soldats, des hommes et des femmes meurent sous le feu de l'ennemi.
En conclusion de ce propos, Milinfo et les milinfistes rendent hommage à nos anciens combattants ainsi qu'à nos militaires présents sur le territoire national ou déployés sur de nombreux théâtres d'opérations extérieures et rendre par la même occasion un hommage à toutes celles et ceux, militaires, gendarmes, policiers, qui veillent sur notre sécurité au quotidien.