Archives Milinfo :
Le magazine Assaut ne survivra pas à Yves Debay
-29 mai 2013 :
Après le décès d'Yves Debay, l'espoir de voir se poursuivre l'aventure du magazine Assaut dont il était le "père" restait entier... Malheureusement, il n'en sera rien. Voici le message extrait hier de la page Facebook ouverte en hommage à Yves :
"Bonjour à tous.
C'est désormais officiel, l'aventure Assaut se termine ainsi, le numéro 82 ne paraîtra pas : Assaut c'est fini !
Votre soutient, votre présence ici, vos contributions et vos pensées ont énormément comptés, nous tenons à vous remercier, c'est la fin d'une belle aventure.
Gardons une place dans nos cœurs et nos pensées pour Yves qui nous a quitté en ce début d'année.
Pensons aussi à son entourage, pour qui la douleur est toujours aussi vive.
Gardons dans nos esprits l'aspect exceptionnel que Assaut nous donnait !".
Rappelons que nous avions, symboliquement, attribué un Milinfo d'Or à Yves Debay en ce début d'année...
-21 février 2013 :
Cela fait un mois qu'Yves Debay est décédé, tué par un sniper en Syrie alors qu'il était en reportage pour Assaut.
Malgré cette disparition, le n°81 du magazine Assaut est sorti... en hommage à celui qui l'a fait naître et qui l'a porté du bout des bras depuis le début, parfoiscontre vents et marées.
Lien Facebook : http://www.facebook.com/pages/Page-en-Hommage-%C3%A0-Yves-DEBAY/540952632587048
-20 janvier 2013 :
Milinfo d'Or à Yves Debay : au moment de refermer la page des Milinfo d'Or 2012, difficile de ne pas penser à Yves Debay tué par un sniper en Syrie le 18 janvier.
Yves avait la passion de l'armée, de ses hommes et des ses matériels. Grande gueule, il avait son franc-parler qui parfois pouvait déplaire... mais il était de ces journalistes qui ne se contentent pas des communiqués officiels pour rédiger leurs articles.
C'est en couvrant le conflit en Syrie, dans la perspectives d'articles pour Assaut, qu'Yves Debay a trouvé la mort.
Rondons lui ici un hommage unanime et sincère...
-Samedi 19 janvier 2013 :
Yves Debay, fou de guerre et aventurier iconoclaste
Source : Le Monde.fr | 18.01.2013 à 14h33• Mis à jour le 18.01.2013 à 16h09
La guerre était sa vie, et Yves Debay n'aurait pas apprécié de mourir ailleurs qu'à la guerre. L'ex-mercenaire devenu reporter, véritable camé des champs de bataille, est mort à Alep, jeudi 17 janvier, tué par un sniper alors qu'il couvrait les combats entre les rebelles, avec lesquels il était monté au front, et l'armée gouvernementale syrienne.
Né au Congo belge en 1954, Yves Debay a d'abord été combattant. Après s'être ennuyé quelque temps dans l'armée belge, il est devenu mercenaire pour l'armée rhodésienne (blanche) qui combattait alors la guérilla marxiste (noire). Yves Debay en convenait volontiers : sa soif d'aventures et ses idées anticommunistes l'avaient emmené loin à l'extrême droite colonialiste et raciste.
Debay racontait ses années de soldat avec un doux sourire éclairant son visage poupin, comme pour réclamer un peu d'indulgence envers ce qu'il considérait, même en sachant que son interlocuteur ne partageait pas cette opinion, comme les errements idéologiques inévitables d'un jeune homme blanc de l'époque en Afrique. Il ne regrettait rien, mais trente années de fréquentation des armées et guérillas du monde entier, en tant que reporter, l'avaient ensuite vacciné contre le racisme.
PASSION DE LA GUERRE
Très attentif aux autres, d'une gentillesse peu commune dans ces contrées hostiles, il disait avoir appris à respecter tout être humain quelles que soient ses origines ou ses idées, avec une prédilection assumée pour ceux qui n'ont pas peur de porter un fusil et se montrent braves au combat.
Debay a ensuite assouvi sa passion de la guerre grâce au journalisme pour des revues spécialisées dans les questions militaires. Après avoir débuté à la Gazette des armes, il a couvert pendant vingt ans tous les conflits de la planète pour le magazine Raids, et a créé en 2005 sa propre publication, Assaut. De l'Afghanistan au Liban, de l'ex-Yougoslavie à l'Irak, jusqu'à récemment en Libye puis en Syrie, il cherchait toujours à être en première ligne, au plus près des combattants. Il aimait vivre avec eux. Il adoptait leur mode de vie, s'habillait comme eux, mangeait comme eux, partageait les mêmes risques, et ne concevait pas de couvrir une guerre autrement.
Lorsqu'il faisait une exception à cette règle d'immersion totale dans le monde des combattants, c'était généralement pour opérer une percée spectaculaire à travers les lignes, parce qu'il voulait aller voir plus loin, dans l'autre camp, ou qu'il trouvait simplement que ces combattants-là n'avançaient pas assez vite.
RESPECTÉ DANS LES MILIEUX MILITAIRES, DÉCRIÉ DANS CEUX DU JOURNALISME
Lors des deux guerres d'Irak, il a ainsi roulé dans le désert plus vite que les assaillants occidentaux, et a été fait prisonnier par l'armée de Saddam Hussein. La première fois, en 1991, la Garde républicaine irakienne a failli l'exécuter, le prenant pour un espion américain. La seconde fois, en 2003, nous avons vu les fedayins le remettre aux services secrets irakiens à l'hôtel Palestine, où vivaient les reporters pendant les bombardements américains, et il s'en est sorti avec une assignation à résidence en attendant la fin de la guerre.
Il a juste pris le temps de nous confier ses films, cachés dans le faux plafond de la chambre, au cas où il serait emmené en prison, et, comme à chaque rencontre, de réclamer trois minutes de liaison téléphonique satellitaire pour annoncer à sa vieille mère qu'une fois encore, il avait survécu, et qu'il rentrerait bientôt à la maison. Il a écrit sur les deux guerres d'Irak un récit autobiographique, Wildcat, Carnets de guerre d'un journaliste rebelle (Italiques, 2004).
Aventurier iconoclaste, fils autoproclamé du dieu grec du vin Dionysos, jamais avare d'une blague provocatrice, Debay était autant respecté dans les milieux militaires qu'il était décrié dans le monde du journalisme.
Solitaire, il se considérait comme un "affreux". Il méprisait "ces gens de l'arrière" et, si quelqu'un lui reprochait sa passion pour la chose militaire, il répondait, selon l'humeur du moment, par un direct du droit dans la figure, ou plus souvent en tournant le dos avec un sourire, repartant au seul endroit où il se sentait vraiment lui-même, au front, en première ligne, là où l'odeur de la poudre et la sueur des combattants lui permettaient de nourrir son culte des hommes en armes.
-Vendredi 18 janvier 2013 :
Le journaliste franco-belge Yves Debay est mort à Alep, en Syrie, annonce la chaîne d’information al-Arabiya. Il aurait été tué par un sniper des forces loyalistes.
En Syrie, la guerre civile continue, et des journalistes couvrent le conflit sur le terrain, parfois au péril de leur vie. L’un d’eux a trouvé la mort, jeudi, Yves Debay, grand reporter de guerre.
Né en 1954 à Elisabethville au Congo Belge, il entame une carrière militaire au sein de l’armée belge, puis pour l’armée rhodésienne et sud-africaine à la fin des années 70.
En 1985, il abandonne l’armée pour le journalisme et travaille pour la «Gazette des Armes» puis pour «Raids».
Le fondateur du magazine Assaut
Correspondant franc-tireur, Yves Debay couvre alors tous les conflits mondiaux – guerre du Liban, guerres du Golfe, guerres de Yougoslavie, guerres en Afghanistan, avec toujours la volonté d'être au plus près des combats.
Dans une interview accordée à Pierre Bayle, il expliquait comment il était parvenu à couvrir la première guerre de l’Irak, sans faire partie d’un pool, mais juste en parcourant le pays en voiture.
En 2005, l’homme qui avait pris la nationalité française, avait créé le magazine «Assaut», spécialisé dans les opérations militaires.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l'Homme, c’est un sniper des forces loyalistes qui l’aurait tué, jeudi, à Alep, la capitale économique syrienne dans laquelle se concentrent les combats entre l’armée de libération syrienne et les fidèles à Bachar Al-Assad. Depuis le début du conflit, en mars 2011, 17 journalistes professionnels ont trouvé la mort.
Yves Debay avait 58 ans...