En novembre 2016, le groupe suédois Volvo fit part de son intention de se séparer de sa division « Government Sales », et donc du fabricant français de véhicules militaires Renault Trucks Defense, devenu depuis Arquus [après avoir absorbé Panhard et ACMAT]. La banque Rothschild fut alors mandatée pour trouver un repreneur. Si beaucoup de candidats potentiels se manifestèrent, deux furent considérés avec une attention particulière, à savoir le franco-allemand KNDS [Nexter et Krauss-Maffei Wegmann] et le belge CMI Défense, spécialiste des systèmes tourelle-canon pour des calibres allant de 25 à 120 mm.
Pour le premier, mettre la main sur Arquus lui aurait permis de gagner en taille et de se rapprocher des poids lourds de l’armement terrestre, même si une telle opération était de nature à bousculer les équilibres entre Français et Allemands au sein de sa gouvernance. Quant au second, devenu depuis John Cockerill Defense, il fit valoir qu’un « mariage » avec la filiale de Volvo Group permettrait de développer des « synergies » et de « consolider le secteur de la défense terrestre européenne », estimant que tout « ne devait pas passer par l’axe franco-allemand ».
Seulement, le groupe suédois changea d’avis, estimant que les conditions pour céder Arquus n’étaient finalement pas réunies. « Volvo Group Governmental Sales se développe positivement et s’est construit un carnet de commandes conséquent. Nous avions annoncé notre volonté de céder cette activité, mais les offres reçues ne reflètent pas sa valeur. Nous avons donc décidé de mettre fin au processus de cession », annonça-t-il, en octobre 2017.
Cela étant, favorisé par le partenariat stratégique « CaMo » [Capacité Motorisée] scellé par la France et la Belgique dans le domaine de l’armement terrestre autour du programme SCORPION et par ailleurs impliqué dans le programme de Véhicule blindé d’aide à l’engagement [VBAE], lancé en décembre sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], John Cockerill Défense est sans doute sur le point d’arriver à ses fins.
En effet, ce 15 janvier, l’industriel belge a annoncé qu’il venait d’entamer des « négociations exclusives » avec Volvo Group en vue d’acquérir Arquus, qu’il décrit comme étant un « leader dans la fabrication de véhicules militaires en France ».
« Cette potentielle acquisition contribue au renforcement de la coopération entre la France et la Belgique dans un secteur stratégique. Elle vise aussi à renforcer la présence du groupe sur le marché mondial de la défense terrestre et à élargir son portefeuille pour inclure une large gamme de véhicules militaires de grande mobilité », justifie John Cockerill Defense. Et d’ajouter : « Cette initiative permettra à cette future alliance franco-belge de mieux servir les forces terrestres dans le monde, en offrant le plus haut niveau de qualité et de compétitivité en matière de coûts, tant pour les tourelles de chars légers que pour les véhicules militaires ».
Enfin, poursuit-il, « les opérations combinées de John Cockerill Defense et d’Arquus visent un chiffre d’affaires annuel de 1 milliard d’euros et un effectif de 2000 professionnels d’ici 2026, avec une présence mondiale et des bases opérationnelles majeures en Belgique, en France, en Italie, en Inde et en Arabie Saoudite ».
L’industriel belge ne dit pas si des restructurations sont à venir. Pour rappel, Arquus, dont le siège social se trouve à Versailles, possède des sites industriels à Limoges [production de véhicules], à Saint-Nazaire [maintenance], à Fourchambault [logistique] et à Marolles-en-Hurepoix [militarisation de moteurs et fabrication de pièces mécaniques]. Il emploie 1200 personnes en France, pour un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros [en 2022].
De son côté, dans un court communiqué, Volvo Group explique avoir signé « une promesse » avec John Cockerill Defense, ce qui lui « confère » le droit de « céder la société Arquus, une fois les consultations obligatoires avec les instances représentatives du personnel terminées », ce qui devrait être le cas dans le courant du premier semestre 2024. « Si cette promesse est exercée, la réalisation de la cession sera soumise aux autorisations gouvernementales et autres conditions préalables », conclut-il.
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