-18/27 novembre 2021 :
Visite du site industriel ARQUUS de Saint-Nazaire
(reportage de Jérôme Hadacek pour Milinfo.org)
Première partie
Les maquettes industrielles au 1/16
S’il y avait un Graal à atteindre, c’était bien d’être invité à visiter cette ancienne usine emblématique du Point du jour de l’ACMAT à Saint-Nazaire.
Depuis 1982, je nourrissais cette ambition et j’aurais tant aimé que ce soit du temps de Paul LEGUEU.
J’ai déjà relaté à plusieurs reprises, les souvenirs de ma rencontre avec cette homme au charisme attachant.
L’invitation par le responsable de la presse et communication d’ARQUUS un 30 septembre pour le passionné d’ACMAT que je suis, ressemblait presque à un coup du destin !
Bizarrement, et déjà comme une coïncidence avec cette future visite, il avait déjà frappé à ma porte deux mois avant, avec le départ en retraite des deux associés de chez POLYMAQUETTES.
Des cartons regorgeaient d’éléments d’ACMAT au 1:16, ainsi que les prototypes, parmi tant d’autres maquettes et pièces diverses toutes échelles confondues.
C’était sans compter le modèle monté, cédé par l’un des associés, qui venaient compléter de quoi refaire des VLRA TPK 4.15, 4.20 et 6.40 et quelques éléments de WPK et blindé... malheureusement incomplets.
La visite du site ARQUUS de St Nazaire commença par une présentation dans une salle de réunion, où trônaient sur des étagères en verre dans des niches, quelques unes de ces maquettes d’ACMAT au 1:16, que j’avais tant admirées et désirées lors des salons de l’armement.
D’un regard, je suis redevenu un enfant devant la vitrine d’un magasin de jouets, je n’arrêtais pas de les prendre en photo un à un, me faisant même rappeler à l’ordre pour rejoindre ma place et écouter l’exposé du responsable du site.
J’ai récidivé une fois l’intervention terminée, parce qu’en plus de vues générales, j’avais besoin de quelques clichés de détails pour reconstruire le monceau de pièces que j’avais triées.
Ponts, lames de suspension, ridelles, rétroviseurs, pare brise, cabines, jantes, pneus, pour n’en citer qu’une infime partie... les matériaux oscillaient du laiton au bronze, de l’altu glace à la résine, du white metal à la photodécoupe.
En détaillant chacun d’eux sur les vitrines, j’avais un pincement en constatant les dégâts parfois importants et nombreux sur chaque maquette, avec une amertume de maquettiste, me rendant compte du travail et du temps passé à leur élaboration, mêlée à un peu de tristesse de ce manque de respect pour un patrimoine de l’industrie militaire en maquettes.
Amoureux comme moi de ces belles réalisations, je n’ose imaginer la colère de Paul LEGUEU, un sanguin, qui n’aurait certainement pas toléré un tel désastre.
Et c’est là parfois, que certaines collections prennent tout leur sens, étant mieux conservées, préservées et restaurées par des particuliers collectionneurs que dans des musées où tout le monde touche et se sert (Musée des Blindés de Saumur), ou chez des industriels, baladés de salons en salles d’exposition, puis de salles en archives.... et jusqu’à la poubelle parfois ou la «disparition» ; surtout lorsqu’il y a reprise, rachat ou fusion et que certains noms doivent disparaître d’une histoire.
Je n’évoque même pas les maquettes industrielles offertes aux autorités militaires, qui une fois le programme terminé, s’en débarrassent pour faire place à la nouveauté (AMX30-char LECLERC)...
Aujourd’hui, l’esprit a changé réalisant que ce patrimoine industriel en maquettes et prototypes, fait partie de l’histoire d’une société (Fondation ARQUUS).
En France, nous sommes à mille lieues de cette culture, une maquette fut-elle industrielle, est souvent regardée comme un «joujou» !
D’autres pays n’ont pas la même approche et se remettent aussi à leur recherche pour agrémenter de nouveaux musées, de toute cette richesse de l’industrie militaire qu’ils ont utilisée (Musée d’Aman - Jordanie et Musée de Ryadh - KSA), mais n’est il pas un peu trop tard ?
Présentation des maquettes au 1/16 :
-Les maquettes vues au stand ACMAT lors de l'EUROSATORY 2010 :
-Les niches d'exposition dans la salle de réunion :
-Les maquettes des niches en détails :
Les ACMAT VLRA TPK 6x6
TPK 6.40 WRT Wrecker
TPK 6.40 CSD Décontamination
TPK 6.40 CTL bâché
Les ACMAT VLRA TPK 4x4 :
TPK 4.20 STL transport de troupes
TPK4.36 SH Shelter transmission
TPK 4.16 double cabine civil
TPK 4.25 SAM Ambulance
Les ACMAT VTM WPK
- VTM WPK 4.40CTL bâché 4x4
- VLA WPK 8.70 CTL 8x8 bâché
- VLA WPK 8.70 SH porte shelter
Les Blindés
TPK 4.20 VBL
TPK 4.20 VBL SAM UN
Accessoires
Cadre citerne CSE 285 SCC
Shelter frigorifique SHF 385
Les maquettes POLYMAQUETTES au 1:16
Remerciements :
Un énorme merci à Monsieur Marin TOLLET, qui ne peut mesurer le plaisir et la joie qu’il m’a fait à travers cette invitation à Saint Nazaire.
Je n’en n’oublie pas pour autant, l’un des associés de chez POLYMAQUETTES, qui a parfaitement jugé qu’en m’appelant, 40 ans de maquettes et prototypes, seraient mieux chez moi qu’au fond d’une poubelle. Un merci très chaleureux à lui...
Note de l’auteur :
Vous l’aurez compris, au delà de la passion et de la collection, il y a une démarche plus profonde de préservation de cette marque. Si d’aventure certains souhaitent se séparer de modèles, en ont trouvé dans des successions ou sur des vides greniers, n’hésitez pas à prendre contact avec moi : jhco@hotmail.fr
Deuxième partie :
Maquettes et Dioramas
Depuis de nombreuses années, je savais que Paul LEGUEU, l’ancien PDG de l’ACMAT, à Saint-Nazaire, était un passionné de belles maquettes.
Doublé de son intérêt pour le modélisme ferroviaire, il avait à cœur de faire représenter ses camions en échelle miniature.
Comme je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises dans d’autres articles, en plus des maquettes industrielles qui trônaient dans son bureau et les salles de réunion de l’usine, des modèles promotionnels étaient destinés aux clients de la marque.
Au 1:32, c’est PUBLI PYRÉNÉES qui essuya les plâtres au tout début de la maquette industrielle, avec des modèle de taille mais quelques peu approximatifs.
Très vite, deux autres maquettistes de renommée à l’époque, POLYMAQUETTES et INTERMAQUETTES, emboîtèrent le pas, avec cette fois des représentations d’une toute autre qualité.
Des différences mineures permettent aux spécialistes et à leurs fabricants aujourd’hui en retraite, d’identifier les modèles.
Pour les cadeaux promotionnels, ils étaient réalisés à plus petite échelle au 1:50, d’abord par MAI - Maquettes Architecture Industrie (voir historique en 3 volets) en directe inspiration des modèles au 1 :32.
À la cessation d’activité de cette dernière, la CEF Replex (Compagnie Européenne de Fonderie) reprît le flambeau des miniatures, avec cette fois l’autorisation de les diffuser aussi au public de collectionneurs.
De nos jours, c’est le fabricant très connu du site, MASTER FIGHTER, qui exécute les maquettes des véhicules ARQUUS modernes.
A l’image de sa passion pour les trains électriques miniatures, Paul LEGUEU avait commandé des dioramas de dimensions impressionnantes, représentant des théâtres d’opérations en modèle réduit.
L’un en Europe (env. 2m x 4m) :
...et l’autre en zone désertique de taille similaire :
Un hôpital de campagne gigantesque, illustrait déjà un épais catalogue de la marque, regroupant tous les véhicules spécifiques à l’environnement d’une base sanitaire de campagne.
Bien qu’il m’ait été affirmé qu’il existait, toujours stocké dans les bureaux, je n’ai pu le confirmer en le découvrant réellement.
Les deux dioramas existants, font appel à un mélange des trois fabricants mentionnés plus haut. La disposition çà et là de véhicules de générations différentes, apparait comme un surréalisme anachronique.
-Concernant les MAI, un bariolage de tâches de camouflage peu esthétiques, recouvre la plupart d’entre eux sur le diorama désertique.
A noter que MAI n’a jamais proposé dans son listing, une telle version camouflée.
Ils sont, semble-t-il, propres à la demande de l’ACMAT de l’époque et très loin d’une réussite et d’une finesse d’exécution.
On y retrouve pêle-mêle, le bus 4.35, l’atelier 4.36, un 4.20 sanitaire, des 6x6 6.40 transport de troupes ou citerne, une remorque 2.15, le Command Car VCT 4.20, des citernes sur 4.25, des VBL scout car 4.20.
-Pour les CEF-Replex, en plus de quelques véhicules d’origine bariolés, ce sont en revanche plus des adaptations sur les bases d’origine quelques peu modifiées.
Certaines heureuses et qualitatives, d’autres plus incongrues.
-Parmi cette profusion de modèles, d’une génération plus ancienne, les maquettes très précises et qualitatives de chez Master Fighter se fraient une place aux quatre coins, la majeure partie, direct sortie de boite.
Des VTA4, ALTV, VLRA2 des FS et quelques Bastion (Fortress) des Nations Unies en version sanitaire, non commercialisée par le fabricant.
Quelques rares autres maquettes d’ACMAT sont aussi présentés sur ces dioramas comme la version MINOTAUR du MMC (MILITARY MODEL CLUB) :
Mais aussi, à chacune des extrémités, quelques grosses maquettes industrielles.
L’une est un VLRA 2 au 1 :16 réalisé à l’époque par PROMODELS en même temps que l’ALTV à la même échelle.
Enfin à l’entrée des bureaux, une maquette massive de BASTION assez simpliste semble avoir été exécuté au 1:4 et accueille d’emblée le visiteur.
Dans le petit salon d’attente, une vitrine circulaire m’a fait tourner la tête, non due à sa forme mais aux modèles qu’elle recelait sur ses étagères.
Un moment psychologiquement difficile pour un passionné comme moi !
-6/13 novembre 2021 :
Le site industriel ARQUUS de St Nazaire
(Reportage de Jérôme Hadacek pour Milinfo)
Site historique de l’ACMAT (Atelier de Construction Mécanique de l’ATlantique) depuis 1965 dans la très proche banlieue de St Nazaire, l’usine du Point du jour, est désormais intégrée dans les différents sites industriels d’ARQUUS.
Les activités se sont diversifiées en même temps que ses capacités de production tant en surface qu’en effectifs.
Il regroupe au même titre que Marolles en Hurepoix, une chaine de montage de VBL Ultima, mais également la chaine de militarisation du VT4 sur laquelle je reviendrai ultérieurement et une activité majeure depuis quelques temps, dans le MCO (Maintien en Conditions Opérationnelles).
ARQUUS assure auprès de l’Armée de Terre via la SIMMT et le SMITer, une reconstruction complète de toute une gamme de matériels roulants déjà en service et principalement issus de ses productions.
L’industriel exportant aussi une grande partie de sa gamme dans 60 pays différents, il est courant que des clients étrangers fassent appel à son expertise et ses compétences dans une mission de soutien et de service clients.
Dans les ateliers, les chaines sont multiples opérants sur des véhicules RENAULT Trucks, comme les TRM 2000, 10 000 CLD (Camion Lourd de Dépannage) et VTL (Véhicule de Transport Logistique) ainsi que quelques VLRA tous types et des tracteurs SISU E-Tech 480 TR PC 50t.
Des blindés passent aussi par St Nazaire comme les PVP et des VAB, ces derniers étant majoritairement destinés au site de Garchizy.
Mais c’est aussi pas moins de 2 546 organes techniques qui ont été traités dans les ateliers sur l’année 2020.
La capacité annuelle du site peut aller jusqu’ à 1000 véhicules et l’année 2020 a vu la remise en condition de 57 TRM 2000, 16 TRM 10 000, 138 GBC 180, 135 VAB, 44 PVP et 40 VLRA.
L'usine de St Nazaire a pour ambition de devenir un site d’excellence de la maintenance opérationnelle avec plus de 18 000 m2 de stockage, 410 femmes et hommes engagés en permanence sur place.
-Maintien en conditions opérationnelles (MCO) des véhicules des VLRA :
-Maintien en conditions opérationnelles (MCO) des véhicules des TRM 2000 :
-Maintien en conditions opérationnelles (MCO) des véhicules des TRM 10000 :