Parce que les archives Milinfo sont riches en contenu, nous avons décidé de faire redécouvrir certaines contributions "Armée française - 1940" de nos amis Marc H. et Thomas Seignon
-11 mars 2021 :
AM M 8 et AM M 20
Libération d’Autun – septembre 1944
(par Thomas SEIGNON)
Ce petit article a pour but d’illustrer la motivation que peut faire naître la recherche historique dans le maquettisme militaire.
C’est pourquoi je n’évoquerai pas ici le travail technique du montage des modèles présentés pour mieux insister sur la démarche, plus intellectuelle, qui consiste à rechercher tous les éléments qui vont contribuer à la précision de la décoration de ces modèles.
Tout commence donc par une photo...
J’en ai retenu une volontairement très connue, présente dans de nombreux ouvrages, et affectée d’une légende que l’on peut résumer ainsi : « jonction des forces alliées, américaines et françaises, à Autun en septembre 1944 ».
Le document n’offrant qu’une vision partielle des véhicules, il faut creuser le sujet.
Force est de reconnaître que Google nous facilite la vie en la matière et on retrouve d’autres photos prises au même moment mais sous des angles différents.
Parallèlement, on découvre que les unités engagées dans la libération d’Autun sont des éléments de reconnaissance de la 6e DB du côté américain et des unités du 2e Régiment de Dragons côté français.
En poursuivant les recherches, on trouve une autre photo de l’AM M 8 « Champs Élysées » prise à l’occasion de la prise d’armes qui a succédé à la libération de Dijon.
De nouvelles informations apparaissent alors en matière de marquage de ce véhicule.
Ces informations permettent déjà de réaliser une première photo, en plan serré de nos maquettes.
Cela reste néanmoins très incomplet...
L’étude de l’organigramme du 2e RD fait apparaître que l’AM « Champs Élysées » serait (avec la « Champs de Mars ») l’une des 2 AM M 20 du peloton de commandement du 2e escadron.
Il apparaît également que l’unité de reconnaissance de la 6e DB US est le 86e Cav. Rcn. Sq.
On entre donc maintenant dans le domaine des suppositions cohérentes pour établir nos marquages, ce qui nous permet d’élargir notre plan serré.
En ce qui concerne l’AM M 8 US, on lui applique l’immatriculation suivante : 6 Δ 86 C / B-21.
Le report du code B 21 (Cie B – Véhicule n° 21) en grande lettres et chiffres jaunes sur le côté de l’engin est caractéristique des unités de cavalerie.
En ce qui concerne l’AM M 20 française, les choses sont plus difficiles car le niveau de standardisation des marquages des AM du 2e RD est plus que relatif.
Sans plus de preuves visuelles, je lui affecte donc le drapeau tricolore révolutionnaire ainsi que les insignes tactiques et « code barre » TQM du 2e escadron.
Je termine par une vue de l’ensemble en contre champ et contre plongée prise des marches de l’hôtel de ville d’Autun, dont on constate qu’il n’a pas changé depuis 1944 (photo 10).
D’autres détails de marquages apparaissent ici et relèvent, eux aussi, de la cohérence supposée. Il faut bien laissé un peu de place à l’imagination !
Dernier élément d’information : cette scène a été entièrement posée après les combats à la demande des officines de communication de l’armée US (probablement « Stars ans Stripes »). Il faut admettre que le symbole a de quoi faire le buzz (comme on ne disait pas en 1944 !).