-21 février et 13 mars 2021 :
AMX 30 B2 Brenus - Base Solido - par Thomas SEIGNON
« Ce qu’un collectionneur ne devrait pas faire ! »
Transformer un modèle original, même dans le but louable de « l’améliorer », lui fait perdre toute valeur aux yeux d’un collectionneur comme moi.
À l’affût du triptyque chimérique du « neuf en boîte et pas cher », tout modèle trafiqué, repeint, modifié, maquillé, falsifié... ne peut susciter qu’indifférence, voire dédain !
D’ailleurs, à partir de ce principe, je ne m’intéresse pas aux nombreux kits de modification adaptés à divers modèles originaux.
Quelle que soit la qualité du travail, l’hybride qui en résulte n’est évidemment pas référencé par une marque et n’a donc pas d’existence « légale".
Transformer une maquette, dans le but logique de coller au plus près de la réalité, constitue un objectif essentiel au yeux d’un maquettiste comme moi.
Le montage « direct de boîte » est sans grand intérêt tant il est vrai qu’il y a toujours moyen, à partir d’une bonne documentation, de perfectionner le produit.
D’ailleurs, l’existence de nombreux kits d’amélioration dédiés me confortent dans cette démarche qui conduit à la production d’un modèle vraiment original.
Cette introduction schizophrénique étant posée, que l’on soit collectionneur ou maquettiste, ne s’agit-il pas avant tout de se faire plaisir ?!
Le plaisir résidant parfois dans la transgression, j’ai donc décidé, pour une fois, de me lancer dans du franchement transgressif à partir d’un modèle Solido plutôt ancien et d’une idée initialement simple : le modèle c’est l’AMX-30 et l’idée simple, c’est de lui greffer le train de roulement du Pluton produit par Solido une quinzaine d’année plus tard, avec un meilleur niveau de détail.
Solido a décliné son AMX-30 dans trois versions différentes qui, avec le temps, s’éloignent de plus en plus de la réalité.
En effet, la première version, celle de 1965, reproduit assez correctement pour l’époque le prototype n°4 de l’AMX-30 A (immatriculé 234-0287, que Solido reproduit à un chiffre près !) tel qu’il a été présenté officiellement sur le camp de Mailly en 1963.
Le dessin de la boîte ne laisse d’ailleurs aucun doute à cet égard !
Or la machine à sensiblement évolué pour devenir l’AMX-30 B (1967), puis l’AMX-30 B2 (1982) et enfin l’AMX-30 B2 Brennus (1995).
Dans le même temps, Solido s’est contenté de modifier sa tourelle en prétendant produire un B2 alors quelle s’approche à peine de celle d’un B et ce, sans rien changer au châssis (même pas le train de roulement pourtant déjà réalisé pour le Pluton !)
Quant à la version dite B2 Brennus, il suffit de regarder à quoi ressemble le véritable engin pour se rendre compte que Solido est très loin du compte (photo 4 et 5).
À sa décharge, il faut bien reconnaître que le kit de surblindage est une véritable usine à gaz, difficile à reproduire sans le simplifier outrageusement.
C’est là que j’ai compris qu’il me faudrait aller au-delà d’une greffe de train de roulement.
En effet, cette « idée simple » implique déjà quelques modifications sur la partie basse du châssis qui conduisent à retravailler des parties métalliques à la disqueuse et à revoir la face arrière.
Et ensuite... «l’idée simple » commence à se compliquer !
Le masque et le canon (photo 8) constituent l’étape suivante pour laquelle j’ai eu recours à un kit d’amélioration proposé par Gaso Line (Ref 50805).
Là encore il faudra travailler le métal pour intégrer la sortie lunette, le coffre de la caméra thermique DIVT 16 et le canon de 20mm, puis adapter le surblindage qui n’est pas totalement représentatif de la réalité.
Au bilan, c’est toujours mieux que ce que nous propose Solido !
Avec la partie supérieure du châssis...
...j’ai la confirmation d’avoir mis le doigt dans un engrenage infernal !
Tout est à reprendre presque pièce par pièce et il ne faut pas se contenter de meuler et de percer du métal.
Cette fois il faut aussi remettre en forme et regraver l’ensemble de la plage arrière ainsi qu’une partie de la face avant à l’aide d’un produit type « Syntofer ».
À cet égard, les photos valent mieux qu’un long discours.
Mais le plus gros morceau reste à venir !
En effet, la tourelle nécessite elle aussi un effort majeur incluant non seulement des séances de perçage, meulage et remise en forme, mais aussi la modification et la création de nombreuses pièces.
On commence par la partie arrière avec le coffre NBC et les pots fumigènes (photos 15 et 16).
On poursuit avec les surblindages pour lesquels on comprend vite qu’une réalisation à l’identique est quasi impossible.
On se contente donc de s’approcher au plus près en modifiant le kit Gaso Line pour l’adapter avec un niveau de réalisme acceptable.
Il convient de vérifier que le montage ne génère aucun frottement avec la caisse lors de la rotation en azimut de la tourelle.
Comme tout montage multi matière, on homogénéise le tout avec une couche d’apprêt en bombe Tamiya...
...avant de passer au bariolage trois tons, en conformité avec le schéma du MAT 2636 (photo 23 et 24).
À ce stade, de nombreuses pièces rapportées sur la tourelle comme sur la caisse ne sont pas encore mises en en place de façon à s’assurer d’une bonne application du shèma de camouflage.
Sur la caisse il s’agit principalement des plaques batteries et des câbles de remorquages.
De nombreux accessoires viennent s’ajouter sur la tourelle même si à ce stade il manque encore le panier arrière et les épiscopes.
Néanmoins l’ensemble est dès à présent recouvert d’une couche de vernis satiné (et non pas mat, de façon à rester dans l’esprit Solido).
Reste à placer les épiscopes ( x2 côté chargeur et x10 pour le TOP 7) puis le panier arrière dans lequel j’ai placé un filet de camouflage replié.
Au résultat, notre AMX 30 B2 Brennus roule parfaitement sur ses chenilles brevetées, la tourelle est mobile en azimut et le masque est mobile en site, la peinture est immaculée et, comme un clin d’oeil au modèle Solido de première génération, j’ai conservé un volet chef de char ouvrant...
Mais il n’a plus grand-chose à voir avec un produit Solido tout en recelant bien trop d’inexactitudes pour être une maquette.
Ni une maquette, ni un modèle de collection, reste le défi personnel qui consiste à reprendre en profondeur un modèle de grande série tout en en conservant les caractéristiques fonctionnelles... et en y prenant un certain plaisir !
Mais, comme disait une publicité il y a bien longtemps : « je ferai pas ça tous les jours ! ».