-29 janvier 2021 (19 février 2021) :
M5 A1 + Kübelwagen – Normandie été 1944
Opération « Cobra »
(1/48 - par Thomas SEIGNON)
Le M5 A1 est l’un des modèles en résine les plus réussis de la large gamme proposée par Gaso-Line, artisan français spécialiste du 1 /48.
Ce char (Ref GAS 50135) est d'autant plus intéressant qu’il est absent de la gamme Tamiya, qui fait référence à cette échelle.
Même si son montage nécessite un peu plus d’attention qu’un kit en plastique injecté, il supporte la comparaison avec le leader japonais du marché. Il n’y a donc pas de difficulté à le présenter à côté d’un modèle proposé par Tamiya.
J’ai retenu la Kübelwagen (Ref 32501) qui s’inscrit bien dans l’histoire que j’ai voulu raconter à travers ce (petit) diorama :
Dans le cadre de l’opération « Cobra », entre le 26 et le 30 juIllet 1944, un M5 A1 de la 3rd Armd. Div. (33rd Armd. Btln / C Coy.) progresse sur un axe entre Saint-Lô et Avranches.
Le chef de char est en contact avec des éléments de la Résistance locale afin d’obtenir des renseignements sur les troupes allemandes, en plein repli sous une forte pression terrestre et aérienne américaine.
D’ailleurs, c’est sans doute pour éviter une attaque aérienne qu’une Kübelwagen de la Panzer Lehr (130ème PzDiv) s’est précipitée dans un fossé dont elle n’a pas pu ressortir et a dû être abandonnée sur place.
Le gros du travail sur le M5 A1 se concentre autour de trois sous ensembles :
- le train de roulement
-la tourelle
-le haut de la caisse.
En ce qui concerne le haut de la caisse, Gaso-Line nous le propose d’un seul bloc, avec un jeu de jupes complet et les volets fermés.
Avec une lame de scalpel neuve, de la feuille de laiton, une bonne documentation et beaucoup de calme, j’ai pratiqué une opération qui m’a permis d’ouvrir les volets et de modifier significativement l’état des jupes.
C’est ensuite le moment de préparer le montage à blanc de tout un ensemble de pièces qui viendront se greffer ultérieurement sur ce haut de caisse. Toutes ne sont pas fournies dans le kit (comme le câble de remorquage ou le coupe haies) ; raison de plus pour anticiper leur adaptation.
On passe ensuite au train de roulement dont l’ajustement requiert une attention particulière. C’est précisément pour des questions d’ajustement avec les chenilles que j’ai rendu les barbotins mobiles.
En ce qui concerne la tourelle, elle est constituée d’un bloc de résine plein et il est malheureusement quasi impossible d’ouvrir les volets.
Documentation à l’appui, on s’attache à améliorer son niveau de détail et, dans une démarche similaire à celle du haut de caisse, on initie une séquence de montage à blanc d’une série de pièces complémentaires dont une bonne parties sont à récupérer dans la boîte à rabiot.
L’ensemble reçoit ensuite un voile d’apprêt (bombe Tamiya) qui permet, entre autres choses, de rectifier quelques défauts jusqu’ici peu apparents.
On passe ensuite à la mise en peinture au cours de laquelle j’utilise trois teintes différentes de « vert US » dont, sacrilège, un « vert OTAN » (ce qui, en 1944, est pour le moins osé !).
Partant du principe que la « vraie » teinte n’existe pas, il s’agit de tromper l’œil de la façon la plus réaliste possible.
C’est sur cette base, qui est appelé à évoluer, que sont mis en place les décals.
Les étoiles proviennent d’une planche de transferts à sec et le reste est fourni dans le kit (le nom « Carol » est un peu gros par rapport aux photos du vrai char et il faudra m’expliquer pourquoi sur les immatriculations apparaît C14 et pas C 34 ?!).
L’ensemble est protégé par une couche de vernis mat (MIG ultra mat Ref 2050).
Il convient également de bien s’assurer de l’installation de vos figurines de pilote (à blanc) et d’aide-pilote (définitive) avant d’assembler les deux parties constituantes de la caisse, car c’est pour eux que vous avez fait l’effort d’ouvrir les volets !
Le travail de modulation de la teinte de base a déjà été initié par l’emploi de trois variantes de vert ; il est complété par de petites touches de peintures à l’huile (ombre naturelle et ombre brûlée) qui sont diluées à l’aide d’un pinceau plat trempé dans de l’essence à briquet.
Vient ensuite le montage des chenilles qui s’avère être le point dur du modèle. On s’assure d’abord du parfait alignement des galets, rouleaux porteurs, barbotins et poulies de tension. Une partie de la chenille étant moulée avec la poulie de tension, cela va nous servir de point de départ au découpage du reste de la chenille.
Je parle bien de découpage car la chenille est fournie par ensembles de 10 patins. Or l’assurance d’un bon engrenage sur le barbotin passe par un assemblage… patins par patins !
Après plusieurs séquences de montage à blanc, on parvient à déterminer la bonne taille pour chaque élément.
Il ne reste plus qu’a assembler la chenille en commençant par le brin inférieur de façon à ce que les inévitables imprécisions soient cachée par la partie supérieure de la caisse.
On en profite pour salir un peu le train de roulement.
La suite consiste à assembler les deux parties de la caisse et à mettre en cohérence l’empoussiérage de ces deux éléments.
De son côté, la tourelle complète bénéficie du même traitement que le reste du char...
...avant d’être montée sur le châssis selon un angle en azimut défini par la position d’appui des bras du pilote qui s’extrait de son poste.
Le panneau air/sol, réalisé en feuille d’aluminium, est un ajout essentiel dans le contexte du diorama.
Pour la Kübelwagen, son arrivée dans le fossé se traduit par des dégâts visibles sur l’ensemble de son côté droit.
En conséquences, les ailes sont remplacées par des pièces réalisées en feuille de laitons qu’il est facile de déformer.
J’ai également amélioré le kit à l’aide d’une planche de photodécoupe dédiée de chez Aber (Ref 28 502), même si, comme souvent avec ce type de produit, une partie des pièces s’avèrent pratiquement inutilisables !
Le montage est relativement simple mais s’agissant d’un véhicule ouvert, j’ai opté pour une mise en peinture progressive afin de soigner le détail des éléments intérieurs.
La teinte de base est le « jaune panzer WW 2 » de la gamme Prince August AIR (Ref 028) légèrement éclaircie sur laquelle on applique le camouflage classique à base de « vert panzer » (Ref 011) et « marron panzer » (Ref 041).
Je n’insiste pas sur la technique de vieillissement du véhicule déjà évoquée plus haut, pour me concentrer sur son intégration dans le décor.
Cette intégration est essentielle et impose la mis en place de la Kübel dans son fossé avant la finalisation dudit décors dont elle devient un élément.
Le décor est dans le principe assez simple : une route principale pavée au croisement d’une petite piste, le tout bordée par une haie caractéristique de la région.
Un cadre photo au format standard (15 X 25) sert de base à notre route pavée et du polystyrène, facile à mettre en forme, donne le relief voulu à la future haie.
Les pavés sont ensuite teintés avec plusieurs nuances de gris tandis que le polystyrène est recouvert d’enduit simulant l’irrégularité du terrain.
Divers produits, initialement dédiés au modélisme ferroviaire, permettent de donner vie à ce petit coin de Normandie que l’on complète par la réalisation de la haie dont l’aspect particulièrement touffu fait écho à la présence du coupe haie sur le char.
La mise en place des personnages (dont j’ai confié la mise en peinture à un vrai figuriniste) permet de replacer la « grande histoire », que j’évoque au début de l’article, dans un cadre plus pragmatique : le chef de char un peu perdu (et qui ne parle pas français) essaye de faire le point avec un responsable de la Résistance locale (qui ne parle pas anglais).
Le pilote, qui sent que l’affaire va durer, quitte son poste pour se dégourdir les jambes.
Il est interpellé par le tireur qui en a profité pour récupérer dans la Küblewagen une bouteille d’un liquide local à base de pommes (mais pas que !) dont il devine la qualité gustative…
Comme quoi, il y a plusieurs façons de raconter la même chose !
Les photos 27 à 30 illustrent l’ensemble photographié en extérieur .