-30 septembre - 12 octobre 2020 :
« GMC blindé – Algérie 1956 »
Entre le « système D » et le MRAP
(par Thomas Seignon)
En Indochine comme en Algérie, la menace à laquelle est confrontée l’armée française n’a plus rien à voir avec celle du second conflit mondial.
Cette menace, qualifiée aujourd’hui d’asymétrique, a rapidement mis en lumière le besoin de protection d’un parc de véhicule de transport qui en est alors totalement dépourvu. C’est ainsi que, nécessité faisant loi, divers bricolages plus ou moins échantillonnaires sont apparus en Indochine.
C’est dans ce contexte que sont déployés quelques exemplaires de GMC blindés, sans qu’on puisse encore parler d’une véritable standardisation.
En revanche, les leçons tirées du conflit indochinois sont mises à profit au moment ou, en Algérie, ce que l’on appelle « les évènements» deviennent une véritable guerre.
Dès le mois de mars 1956 la DEFA (Direction des Etudes et de la Fabrication d’Armement) propose un kit de blindage partiel destiné au GMC, camion toujours le plus répandu au sein de l’armée de terre.
L’ensemble pèse 840 Kg et peut être monté (et démonté) au niveau d’un atelier régimentaire.
Plusieurs centaines de GMC bénéficieront de cette solution de protection qui, si elle reste une adaptation, va bien au-delà du « système D » (voir sur ce sujet un article dans VMM N° 94).
Des prototypes beaucoup plus évolués, sur des châssis dédiés (Berliet), verront le jour au début des années 60s, mais la fin de la guerre d’Algérie porte un coup d’arrêt au développement de ces engins, véritables précurseurs des MRAP.
C’est à partir des photos qui illustrent la fiche descriptive du kit de blindage pour GMC produite par la DEFA en 1956 que je me suis décidé à réaliser mon propre kit de blindage au 1/48.
A cette échelle, je me suis naturellement tourné vers le modèle de GMC CCKW 353 proposée par Tamiya (Ref 32548) qui va, comme dans la réalité, me servir de base.
J’y associe la planche de photodécoupe dédiée produite par Hauler (Ref HLX 48209).
J’ajoute que le châssis métallique de la maquette et le système d’assemblage par vissage des principaux éléments se révèlent bien adaptés à mon projet.
Une première étape consiste à préparer la cabine en y incluant certaines des pièces de la planche Hauler (les crevées de capot ajourées par exemple).
J’avoue avoir renoncé en ce qui concerne la grille du radiateur et préféré pour des raisons de solidité affiner au maximum la pièce d’origine. Il s’agit également d’initier les premières modifications liées au blindage de la cabine.
La même logique s’applique au châssis avec le remplacements des pare- chocs par des pièces Hauler ainsi que la protection du réservoir réalisée en carte plastique.
C’est aussi à partir de carte plastique (fine, car le blindage d’origine fait 7mm d’épaisseur!) que je crée le kit de blindage cabine. Ce travail est d’autant plus abordable que ce kit est constitué d’éléments plans, découpées à angle droit.
S’ensuit une séquence de montages « à blanc » afin de s’assurer de la parfaite intégration de notre kit sur la cabine Tamiya.
Après le châssis et la cabine, passons maintenant à la caisse... et c’est là que les vrais problèmes commencent !
La loi de Murphy (ou de la tartine beurrée, pour ne pas dire de l’emm... maximum !) étant ce qu’elle est, il apparaît que la caisse de la maquette Tamiya est une caisse à structure en bois, or l’adaptation du kit de blindage ne se faisait que sur les caisses à structure métallique !
Comme souvent au 1/48, la solution se trouve chez « Quarter-kit » où j’ai pu récupérer la caisse destinée à la version benne du GMC et la modifier pour la transformer en caisse à structure métallique.
Le principe de vissage des sous ensembles me permet ensuite de valider à blanc un pré- montage avant peinture.
Dans un accès de faiblesse, j’ai utilisé un jeu de roues de la marque DEF Model (Ref DW 48006) qui reproduit directement l’effet du poids du véhicules sur les pneus.
A la couche d’apprêt (gris clair en bombe) succède la couche de base « vert armée IR » (produit industriel en bombe).
Le résultat est un peu sombre pour cette échelle mais illustre bien la différence entre un vert armée française et un « olive drab » américain.
On s’applique ensuite à éclaircir, à l’aérographe, les parties supérieures du véhicule et à introduire une nuance entre la teinte des pièces de blindage rapportées et celle du camion.
Un fois ce travail initial de modulation des teintes effectué, le tout est recouvert d’une couche de vernis mat, qui nous permet, après 24 h. de séchage, d’engager la phase « peinture à l’huile et essence à briquet ».
A partir de teintes comme « ombre brulée » ou « terre de sienne » on va assombrir le modèle. Mais, a contrario, avec des teintes comme « vert cinabre » on peut aussi l’éclaircir.
Il s’agit de trouver le bon équilibre en répétant l’opération autant de fois que nécessaire.
La bâche de caisse n’étant pas fournie par Tamiya (un peu radin sur ce coup là!), je me retourne vers un kit MIG (Ref 48-194) que je modifie pour se conformer à la disposition adoptée sur mon document de référence.
La bâche de cabine est également retravaillée dans ce sens. La mise en peinture des bâches relève des mêmes principes que ceux appliqués sur le camion.
Quelques ajustements et retouches de peinture s’imposent afin d’appairer correctement la bâche à la caisse.
Les choses sont plus simples avec la cabine que l’on visse ensuite sur le châssis. On en profite pour empoussiérer (légèrement) l’ensemble en s’inspirant toujours de la documentation de référence.
Il ne nous reste plus qu’à visser la caisse en y appliquant la même logique d’empoussiérage.
Notre GMC blindé est ensuite fixé (pas collé!) sur un simple cadre photo. Afin de mettre en valeur le modèle, je n’ai pas recherché une mise en scène particulière.
Il ne me reste plus qu’a exposer notre GMC au soleil de l’Algérie...En l’occurrence du sud de la Loire, ce qui sera bien suffisant !