Parce que les archives Milinfo sont riches en contenu, nous avons décidé de faire redécouvrir certaines contributions "Armée française - 1940" de nos ami Marc H., Thomas Seignon...
- 02/27 septembre 2020 :
Renault D 2 – France 1940
(1/48 - aso.LiGne - par Thomas Seignon)
Le Renault D2 (code usine UZ) résulte d’une commande de l’Etat-Major qui remonte à 1930. Il s’agit de faire évoluer le D1, en particulier en matière de protection.
Dans un contexte politique, technique et financier pour le moins complexe, Renault reçoit finalement une commande de 50 exemplaires en 1934 qui seront livrés entre 1936 et 1937.
C’est le 507ème RCC de Metz qui en est doté et dont le commandement est pris le 5 septembre 1937 par un certain colonel de Gaulle.
La même année, Renault est sollicité pour une seconde commande.
Cette deuxième série se limitera elle aussi à 50 exemplaires, les engins bénéficiant de quelques améliorations, dont l’adoption d’un canon de 47mm SA 35.
Les matériels de deuxième série ne seront livré que tardivement en 1940.
En dépit d’un char dépassé au plan technique, les équipages de D2 n’ont pas démérité lors des combats de mai et juin 1940.
Lorsque Gaso.Line sort son char D2 au 1/48 en kit, je me suis remémoré cette photo très connue du char 2068, saisi en plein mouvement sur la route entre Soissons et Laon en mai 1940.
L’opérateur radio a ouvert la trappe avant de la caisse et fait face au photographe, cigarette à la bouche.
La première partie du challenge était toute trouvée !
La seconde partie est née avec le livre de S. Bonnaud, « chars D2 au combat » (ouvrage de base pour réaliser cette maquette) qui illustre le camouflage multicolore ourlé de noir porté par les premiers chars D2.
Problème de ce double challenge : le 2068 est un char de deuxième série équipé du 47mm long (celui fourni par Quarter Kit) et les chars au camouflage particulièrement coloré sont des chars de première série équipés du 47mm court (non fourni dans le kit) !
Frappé par une forme d’enthousiasme initial, je me suis dit que j’allais faire les deux !
Et de l’enthousiasme, il va en falloir pour passer de la gauche à la droite de cette photo.
La séquence de dégrapage des pièces s’avère en effet assez longue et constitue une des contraintes majeures des kits en résine.
Le plus gros est effectué à l’aide d’une mini disqueuse...
Mais pour les plus petites pièces, et elles Sont nombreuses, il faudra en passer par des limes fines.
Sachant où je voulais aller dès le début, j’ai ensuite réglé la question des tourelles et de l’armement principal.
A l’aide d’une bonne documentation, la chose est relativement simple, la modification des épiscopes faisant également partie du travail.
Le kit intègre l’option du volet arrière de tourelle en position ouverte ou fermée, ce qui nous arrange pour le projet 2068.
Dans une étape suivante, une attention toute particulière doit être portée au bon alignement des galets de roulement.
En effet le train de roulement est, comme dans la réalité, assez complexe.
La poulie de tension est montée libre de façon à pouvoir ajuster la chenille lorsqu’on passera à sa mise en place.
On en profite pour préparer cette même chenille en adaptant les tronçons à la bonne longueur.
Or, il s’avère que trouver la bonne longueur est un sport difficile !
De façon à ne pas « se rater » sur cet élément très visible de la maquette, j’ai décidé de créer une pièce simulant la partie supérieure du train de roulement afin de déterminer la bonne longueur de chenille avant enroulement sur le barbotin d’une part et sur la poulie de tension d’autre part.
Autre avantage non négligeable de cette pièce c’est qu’elle va me permettre de restituer de façon subtile le poids de la chenille entre les rouleaux porteurs (le « sagging, comme on dit outre manche!) à l’aide de tiges fines et rigides (corde à piano) que j’intègre également aux côtés de la caisse, entre les rouleaux porteurs.
Une fois que la chenille supérieure est assemblée à la « bonne longueur », je la trempe quelques secondes dans l’eau bouillante pour la ramollir et je la place en force sur ma pièce spéciale. Elle y restera 24 heures...
Sur cette base, je détermine ensuite la « bonne longueur » pour les autres morceaux de la chenille.
Rassurez vous, il y a de quoi occuper les 2 X 24 heures X 2 de cette séquence de mise en forme de chenilles !
Sur la caisse quelques détails différencient les deux modèles (ailes plus courtes à l’avant comme à l’arrière et antenne plus fine pour les chars de deuxième série, forme différente des pots d’échappement) et un jeu de bâches fixé sur la plage arrière est à ajouter pour le 2068.
J’ai également changé la taille de la chaîne de traction fournie dans la boîte, les maillons me semblant un peu trop gros.
C’est l’occasion de réaliser des manilles et leurs axes et de vérifier ainsi à blanc la future position de la chaîne.
Pour le projet 2068, il faut également adapter des personnages à la photo de référence.
Ils proviennent de deux sets de chez Quarter Kit : un tankiste italien pour l’opérateur radio et un tankiste Français 40 pour le chef de char.
L’un comme l’autre doivent subir diverses opérations chirurgicales afin de retrouver les attitudes (et la cigarette!) du document de base.
Passons maintenant à la mise en peinture, seconde partie de ce challenge, tant il est vrai que la réalisation d’un camouflage français 1940 peut constituer un frein plus qu’une motivation !
Avant tout autre chose, je commence par observer attentivement les photos d époque et les profils couleurs.
Puisque la planche de décals du kit nous propose le 2022 « l’Oise » je m’oriente sur ce char pour le modèle doté du 47mm court.
Suite à cette nécessaire étape de réflexion, chaque char reçoit une couche de base différente.
Le camouflage « simple » du 2068 est réalisé à l’aérographe à l’aide de « brun terre mat », « vert pale » et « gris de base » de chez PA.
A noter que des bandes de la couleur de bases sont conservées...
Les éléments mobiles du train de roulement sont protégés et gardent une teinte vert olive sombre.
Après la pose des décals, l’ensemble est soigneusement recouvert d’une couche de vernis mat.
Pour le 2022, je me suis franchement « laché » en utilisant 5 teintes différentes en plus du gris clair de base !
Le travail s’effectue au pinceau et le surlignage à l’aide d’un feutre fin permanent. Si le résultat peut sembler surprenant, il correspond à un catalogue de teintes réglementés.
Par ailleurs, et heureusement pour nous, les schémas de camouflage n’étaient pas standardisés.
Là encore, une bonne couche de vernis protecteur s’impose.
La protection de la mise en peinture initiale est essentielle au bon déroulement de la phase suivante qui repose sur la dilution de touches de peinture à l’huile avec de l’essence à briquet.
Autant que de besoin, L’usage de filtres peut compléter le résultat obtenu.
Les effets d’assombrissement et de fusion des teintes qui résultent de ces travaux vont relativiser l’effet « carnaval multicolore» du 2022 comme le montre ici la différence entre la tourelle et la caisse.
Revenons maintenant aux chenilles avec dans un premier temps la différenciation entre la partie en contact avec les galets (acier graissé) de celle qui ne l’est pas (rouille moyenne).
Dans un second temps est appliqué un traitement à base de poudre de pastel noire.
Les poudres de pastel nous sont aussi très utiles lorsqu’il va s’agir d’empoussiérer les véhicules.
C’est une phase essentielle pour un engin comme le D2 compte tenu de la conception de son train de roulement : sur les surfaces latérales, comme le montre les documents d’époque, le camouflage disparaît presque complètement au profit d’une couche de poussière et de boue plus ou moins séchée.
La mise en place des chenille permet de finaliser cet aspect clé du réalisme d’un D2 engagé en opération.
Si le 2068 qui roule sur du macadam reste relativement sec, j’ai souhaité donner un aspect un peu plus boueux au 2022 qui est engagé sur une piste au milieu des champs.
Ces deux terrains sont représentés à partir d’un même cadre photo. Une base polystyrène noire pour la route et une autre en liège pour la piste.
La partie route reçoit une couche de noir sale de chez Lifecolor.
Tandis que la partie piste est traitée au « soil effect » de chez Tamiya après avoir légèrement creusé la trace du char.
La piste est ensuite détaillée à l’aide du « grass effect » Tamiya complété par de « l’herbe » utilisée par les modélistes ferroviaire.
Quelque cailloux et touffes d’herbe viennent finaliser le travail. Il ne reste plus qu’à mettre en place nos deux chars !
16 mai 1940, le 2068 de la 345ème CACC monte vers Laon, tous volets ouverts, pour rejoindre la 4ème DCR du Colonel de Gaulle. Il sera détruit le lendemain en fin de journée.
27 mai 1940, le 2022 « l’Oise » de la 2ème Cie du 19ème BCC est engagé, tous volets fermés, dans une attaque près du village de Dury , au sud d’Amiens. L’action manque de coordination et le 2022 se retrouve isolé en compagnie du 2023 (« Fleurus »). Les deux chars sont détruits en début d’après-midi.