-30 août et 8 sept 2020 :
Les miniatures militaires WarTanks
(1/48 - par Thomas Seignon)
1/ Un peu d’histoire
La marque Wartanks est née au tournant du siècle, de la volonté d’un industriel italien pour qui la miniature militaire était un hobby.
Implanté également aux Etats-Unis, il souhaite s’attaquer simultanément aux marchés européen et américain (d’où une adresse à Milan et une autre à Christmas Valley, dans l’Orégon).
Wartanks revendique d’emblée un positionnement d’artisanat haut de gamme du 1/48, une sorte de Chanel du modèle réduit militaire !
C’est sans doute la raison pour laquelle il va faire appel à Olivier Saint-Lot pour la création de deux de ses modèles (T 62 et M1 ), ce dernier faisant référence à l’échelle du « quarter inch ».
Dans cette même logique, il est fort possible que son premier modèle (Tigre 2) ne soit le résultat que d’un surmoulage de kits Bandaï, une marque qui dans les années 70s produisait des maquettes au 1/48 d’une qualité exceptionnelle.
Quoi qu’il en soit, la structure de production comme les produits apparaissent un peu en dessous des prétentions affichées.
WarTanks ne rencontre donc pas le succès espéré et lorsque la marque disparaît en 2006-2007, elle n‘a produit que six modèles et encore ce chiffre doit être modulé car la moitié concerne des variantes d’un même modèle (en l’occurrence le Tigre 2).
2/ Le point de vue d’un collectionneur
La collection Wartanks étant particulièrement réduite, on en a vite fait le tour.
Par ailleurs chaque modèle n’a fait l’objet que d’une production limitée à 1000 pièces.
Certains modèles sont accompagnés de personnages, voire d’une base représentant une route.
Le tout bénéficie d’un boîtage particulièrement soigné et protecteur.
Au résultat, on fait face à un pris d’achat comparativement élevé et à une diffusion relativement confidentielle en France dans quelques points de vente très spécialisés.
En conséquence, on peut comprendre que certains collectionneurs soient finalement passés à côté de cette petite série.
La logique du « quand on aime, on ne compte pas « a ses limites !
D’autant que tout cela reste produit en Chine.
Un rapide coup d’oeil sur les sites de ventes aux enchères montre que des modèles WarTanks sont proposés de nos jours à un prix de base situé entre 80 et 100 € (neuf/boîte), ce qui correspond au prix de vente initial…
A cet égard, comme vous le voyez dans l’article, il me manque les deux versions du Tigre 2 à tourelle Henschel ; je suis donc ouvert à toute proposition honnête de la part d’un milinfiste collectionneur !

3/ La série militaire
On ne peut pas vraiment parler de « série militaire », puisque,comme son nom l’indique, WarTanks n’a produit qu’un type de véhicule militaire particulièrement emblématique, à savoir du char !
Les trois premiers modèles constituent une variation autour du thème du Tigre 2 avec tourelle Henschel (une version camouflage «été » et une version camouflage »hiver ») et avec tourelle Porsche (je n’ai connaissance que de la version camouflage « hiver ».
Une déclinaison « été » serait pourtant parfaitement logique).
Les engins disposent d’une base de présentation en résine et sont accompagnés de trois personnages (un peu grands par rapport au char!).
L’aspect massif est renforcé par un moulage simplifié du train de roulement.
Vient ensuite le Merkava (Mk 3 dans sa version initiale) qui se présente dans un boîtage plus simple, sans base ni personnages d’accompagnement.
Il souffre de la même faiblesse que le Tigre 2 en matière de détail du train de roulement.
Il m’apparaît également un peu surdimensionné.
Avec les deux derniers modèles, le T62 irakien et le M1 (version A1 ou A2 ?), le niveau de qualité monte nettement compte tenu de l’origine des moules (Quarter Kit).
On retrouve la logique d’accompagnement par des personnages (toujours trop grands) et une base qui fait office de mini diorama...
Qui se trouve être la même pour les deux modèles ! A l’époque, l’inspiration vient directement de ce qu’il est convenu d’appeler la seconde guerre du Golfe.
Au bilan, la collection WarTanks est intéressante et originale mais présente un arrière goût de promesse non tenue.
En effet, derrière un boîtage luxueux, on découvre une mise en peinture souvent basique et un niveau de détail parfois décevant.
WarTanks
Les forces en présence
Quatre des six modèles de la collection dans l’ordre d’apparition sur le marché :
-Tigre 2 (tourelle Porsche)
-Merkava
-M 1
-T 62.
Il manque pour être complet les deux versions du Tigre 2 avec tourelle Henschel (camouflage « été » et camouflage « hiver »).
En dépit d’une échelle affichée comme constante par WarTanks, le Merkava me semble un peu surdimensionné.
A l’exception du Merkava, les autres modèles sont présentés avec accessoires et personnages et disposent d’une boîte de taille plus importante que celle dédiée au char israélien.
Au delà des boîtes, on note que le T 62 comme le M 1 bénéficient d’un niveau de détail plus élevé que le Tigre ou le Merkava... Olivier Saint Lot est passé par là !
Le Tigre 2 avec sa tourelle Porsche caractéristique des 50 premiers exemplaires livrés aux unités de combat à partir de juin 1944.
La forme arrondie de l’avant de cette tourelle générait un potentiel de ricochet des obus ennemis vers le toit de la caisse.
En conséquence, les exemplaires suivant ont été doté d’une tourelle au blindage frontal plus rectiligne, produite par Henschel.
Le modèle WarTnak est ici présenté complet, avec ses trois personnages (chef de char et deux fantassins) et sa base sous forme de piste enneigée.
Reconnaissons que l’ensemble à une certaine allure !
A y regarder de plus près, force est de constater que le niveau de détail reste relatif pour un modèle qui n’est plus un jouet.
Le modèle s’articule en deux sous-ensembles principaux (caisse et tourelle) réalisés dans un alliage métallique.
On est devant un char lourd dans tous les sens du terme !
Le volet du chef de char peut prendre les positions ouverte ou fermée.
Même si c’est peu visible sur cette photo, on regrette que le train de roulement soit moulé d’un seul bloc avec la caisse, au détriment de la restitution d’un système complexe de galets intercalés nécessaire à la mobilité du mastodonte de 70 t.
Plus original que le Tigre 2, Wartanks nous propose un Merkava Mk 3 de début de production, équipé d’un canon de 120mm (par rapport au 105mm des Mk 1 et 2) mais pas encore des surblindages spécifiques qui donneront aux tourelles des versions suivantes l’aspect de soucoupes volantes.
Contrairement aux modèles précédents ainsi qu’aux modèles suivants, le Merkava est proposé « sec ».
La tourelle est mobile mais n’est pas dissociable de la caisse.
Le volet du chef de char est amovible mais la tourelle est pleine.
Là encore, l’engin à une certaine allure... de loin !
Si la volonté d’entrer dans le détail est réelle, comme l’indique le sixième galet de roulement différents des cinq premiers (révélateur du souci de simplification logistique caractéristique de l’armée israélienne), le moulage monobloc rend l’exercice complexe et on en perçoit rapidement les limites.
Les quelques pièces rapportées (pelle, brancard…) ne suffisent pas à convaincre.
La teinte générale gris clair est assez proche de la réalité pour un char sortant d’usine.
Avec le M1 (donné comme une version A2, ce dont je ne suis pas pleinement convaincu car cela pourrait tout aussi bien être un A1 !), on retrouve le principe du mini diorama avec personnages.
Le niveau de détail est en nette amélioration avec la présence de deux mitrailleuses de superstructure et de galets de roulement moulés indépendamment de la caisse.
Reste à souhaiter pour les fantassins postés très près du char que celui ci n’ouvre pas le feu avec son canon de 120...
A cette distance, la combinaison du bruit, du souffle et de la chaleur aurait des effets (très) nuisibles à leur santé !
Un effort a également été faut en matière de mise en peinture et de marquages.
Avec le M1, WarTanks monte d’un cran en matière de qualité perçue.
On aurait aimé la présence d’antennes, une mise en peinture différenciée des optiques ou un lot de bord un peu plus fourni…
Néanmoins, rappelons nous qu’au début des années 2000, ce type de produit n’avait pas vraiment d’équivalent sur le marché.
Il est toutefois difficile de trouver un bon équilibre entre le jouet et la maquette !
A partir du M1 voyons de plus près comment se présente un modèle WarTanks (à l’exception du Merkava) : un char en deux parties (caisse – tourelle), des figurines d’accompagnement (également en alliage métallique), une base (en résine) complétée ici par un panneau indicateur et des pièces complémentaires (une mitrailleuse de 12,7mm et une de 7,62mm). On est loin d’un modèle type Solido !
L’étude du boîtage vient confirmer cette volonté « premium » de la part de WarTanks. On commence par le fond de la boîte avec une première couche de mousse prédécoupée qui permet de caler la base en résine.
On passe ensuite à une seconde couche ou vient prendre position dans des alvéoles ad hoc le reste des éléments constitutifs du modèle et de son environnement.
Une dernière couche de mousse recouvre le tout.
On y ajoute le certificat précisant qu’il s’agit d’une série limitée à 1000 pièces.
Enfin on cale tout ça dans une belle boîte en carton fort d’un noir brillant du plus bel effet.
Quand je vous dis que WarTanks avait des prétention de luxe en matière de positionnement !
Le T 62 est le dernier modèle de WarTanks .
On y retrouve logiquement le même niveau de détail que sur le M l ; on y retrouve aussi la même base, panneau indicateur compris !
On imagine donc le malheureux chef de char irakien qui, doublé par des M1 sur cette même route n’avait plus qu’à se rendre devant la puissance des GI de l’oncle Sam !
C’est ce que nous propose WarTanks qui n’a pas fait dans la finesse… et qui reflète assez bien l’état d’esprit américain de l’époque.
La mitrailleuse de superstructure est une addition bienvenue à ce modèle.
En revanche l’effort de mise en peinture vu sur le M 1 n’apparaît pas sur le T 62, recouvert d’un jaune sable pâle et monochrome.
C’est un peu triste et peu original au regard de la variété des camouflages vus sur les engins irakiens.
Dans la même logique que pour le M 1, le T 62 se décompose de façon similaire.
Tout au plus peut-on remarquer qu’il n’y a que deux figurines au lieu de trois.