-5 mars 2017 :
AUTOPSIE DE L’ AMBULANCE D’ UN GRAND MALADE
(par Jérôme HADACEK)
Il ya des choses que l’on explique toujours pas, près de trente années après et c’est le cas de ce coup de foudre entre cette maquette d’ambulance ACMAT MAI et le jeune passionné et maquettiste que j’étais déjà.
Très tôt, j’avais joué de la scie à métaux et des collages au millimètre près pour réaliser les modèles qui n’étaient pas disponibles dans le commerce et je hantais quelques belles et grandes boutiques de Paris, telles que le passage du Havre, la Sources aux Inventions, le Paquebot Normandie et bien d’autres plus spécialisées encore comme la boutique Proto à Issy ou Calandre rue de Lyon.
Passionné et armé d’un peu d’assurance, je prenais des contacts avec certains industriels de l’armement chez qui je collectais les documentations utiles à ma passion. Panhard avenue d’Ivry, la SOFMA boulevard Malesherbes ou la SOFRESA aux bureaux de la Colline à St Cloud mais aussi ACMAT rue François 1er où dès 1982, j’obtenais un rendez-vous avec Monsieur Paul LEGUEU lui-même.
Grand collectionneur de modèles réduits et amateur de réseau ferroviaire miniature, très vite le contact est passé entre ce grand patron et le jeune étudiant que j’étais.
Son bureau était largement décoré de maquettes des véhicules qu’il commercialisait et qu’il n’hésitait pas à me sortir une à une pour me les tendre.
Déjà les réalisations MAI réservées uniquement à la promotion de sa marque, m’avaient littéralement envoutées et comme un fin connaisseur qu’il était, il se réserva le privilège de me montrer en dernier, deux de ses petits bijoux : le fourgon atelier et l’ambulance.
Ce fut un émerveillement et je me risquai à lui en demander une ! Il ne possédait pas de doublon en stock mais m’enjoignit de reprendre rendez vous avec sa secrétaire.
Ce qui fut dit fut fait beaucoup plus tard où j’appris avec une grande tristesse, le décès de Monsieur Paul LEGUEU dans un accident de voiture le soir de Noël.
Longtemps, cette maquette d’ambulance resta comme un souvenir « affectif » de ce monsieur et quand elle fut commercialisée au grand public, combien de fois ai je été l’admirer dans la vitrine de la boutique Calandre, sans pouvoir me l’offrir.
Aujourd’hui encore, en touchant ce modèle, je ne peux m’empêcher de repenser ce petit bonhomme, un peu fort, la coupe en brosse parlant comme un enfant émerveillé devant ses modèles.
Sur la base de son 4x4, MAI avait conçu un caisson ambulance tout en laiton photodécoupé et pré marqué pour le pliage avant soudures. Une deuxième partie intérieure en L vient s’emboiter par le dessous pour fermer la structure et verrouiller les portes mobiles et ouvrantes vers l’arrière. Ce socle également en laiton plié, supporte les structures en étagères pour y glisser 2x2 lits brancard de part et d’autre. Le panneau au dos de la cabine est agrémenté d’une armoire à pharmacie, d’un lave main avec robinet, de sa réserve d’eau et de son évacuation, une petite poubelle et une barre d’accroche pour torchons, le système de ventilation et d’aération du caisson et enfin une bouteille d’oxygène.
Comment ne pas résister à un tel détail. Le tout est recouvert d’une peinture blanche satinée rehaussée de petites touches de couleurs de ci de là. Simple et succinct aujourd’hui quand on voit les productions en provenance de la mer de Chine, mais ne perdons pas de vue que nous étions en 1982/84…il y a plus de trente ans !