-8 mai 2016 :
En 1916, à Verdun, dans l’horreur d’une tranchée, un capitaine de l’armée française blessé par une balle ennemie, écrivait une dernière lettre à sa femme. Il lui disait ceci :
« A quelques heures de la mort, je la vois venir sans frisson… Mais un jour, le bonheur qui découlera de la paix ne compensera jamais la somme effroyable des douleurs et des misères qu’elle a semée ».
Nous étions en 1916 et deux années plus tard, prenait fin cette guerre que l’on appelait la « der des der », la dernière des dernières… Les hommes étaient alors déterminés à tout mettre en œuvre pour que plus jamais un tel désastre ne se reproduise.
Pourtant, la nouvelle Europe issue du traité de Versailles, la crise de 1929, la guerre d’Espagne, l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, la volonté d’expansion territoriale de l’Allemagne… auront raison de cet espoir de paix durable.
Le 1er septembre 1939, en pénétrant en Pologne, les troupes allemandes déclenchent un nouveau confit mondial qui ne prendra fin que le 2 septembre 1945, jour de la capitulation du Japon après l’explosion de deux bombes nucléaires, les 6 et 9 août 1945, à Hiroshima et Nagasaki.
Aujourd’hui encore, les chiffres divergent sur le nombre total de victimes directes ou indirectes de ces deux explosions : diverses sources évoquent un bilan effroyable : 250 000 tués !
En août 1945, avec ces deux bombardements américains, le monde est entré dans l’ère du nucléaire et le message d’Harry S. Truman, Président des Etats-Unis était sans nuance :
«Nous avons posé au peuple japonais les conditions générales de sa reddition. Notre avertissement a été ignoré ; nos conditions rejetées. Depuis lors, les Japonais ont vu ce que notre bombe atomique peut faire. Ils peuvent prévoir ce qu'elle fera à l'avenir. Cette attaque n'est qu'un avertissement… Si le Japon ne se rend pas, de nouvelles bombes devront être lâchées et, malheureusement, des milliers de vies civiles seront perdues. Je me rends compte de l'importance tragique de la bombe atomique.
Nous l'avons utilisée afin d’abréger les horreurs de la guerre, afin de sauver la vie de milliers et de milliers de jeunes.
Nous allons continuer à l'utiliser jusqu'à ce que nous ayons complètement détruit la capacité du Japon à faire la guerre. Seule une capitulation japonaise nous arrêtera… ».
Une déclaration qui fait froid dans le dos mais qu’il faut, bien évidemment, replacer dans son contexte…
Le 8 mai 1945 fut un jour de liesse populaire en France. Il marquait officiellement la fin des hostilités en Europe avec la capitulation de l’Allemagne. Il faudra néanmoins encore bien des vies perdues et des destins sacrifiés pour que la paix soit enfin signée avec tous les belligérants.
La Seconde Guerre mondiale a laissé un bilan sans équivalent dans l'Histoire avec plus de cinquante millions de morts militaires et majoritairement civils (400.000 Américains, autant de Britanniques, 600.000 Français, huit millions d'Allemands, dix à vingt millions de Soviétiques…).
Alors, je pense au Capitaine Weber qui à Verdun, au fond de sa tranchée, évoquait avec réalisme les conséquences tragiques de la somme effroyable des douleurs et des misères causées par la Der des Der. Ce valeureux combattant était sans doute loin d’imaginer que le 20ème siècle connaîtrait un second conflit mondial ; encore plus effroyable que le premier, à l’issue duquel le monde groggy découvrira le bilan effroyable, la terrible réalité de la déportation et l’infamie des camps d’extermination.
Il y eut la Der des Der, qui n’en fut pas une, il y a eu la Seconde Guerre mondiale… et si la dissuasion nucléaire nous a sans doute évité de connaître un nouveau conflit mondial, le monde n’a jamais été véritablement en paix.
Depuis le 8 mai 1945, les conflits se sont succéder à travers le Monde, nécessitant l’intervention de nos soldats avec, encore et encore, des victimes… Autant de jeunes femmes et de jeunes hommes morts pour leur pays, leur drapeau : notre pays, notre drapeau !
En 2015, 6 500 de nos soldats étaient hors du territoire national, en opérations extérieures au Sahel, en Centrafrique, ou encore au Liban.
Et, faut-il le rappeler, le danger est aussi à l’intérieur de nos frontières et notre pays n’a pas été épargné par les odieux attentats qui justifient que nous mobilisions toutes les énergies et les moyens nécessaires pour faire reculer la barbarie et l’infamie.
Puisse cette commémoration du 8 mai 1945 rappeler à chacune et chacun d’entre nous les valeurs de la fraternité, de l’entraide, de la solidarité… et espérons qu’un jour les écrits du Capitaine Weber soient démentis. Espérons qu’un jour l’homme sera capable de tirer les leçons du passé pour construire un mode fait de paix, de respect et de tolérance.
ChL