-11 février 2017 :
Après avoir attendu pendant près d’un an, le député (LR) François Cornut-Gentille a enfin obtenu le taux de disponibilité de la plupart des véhicules de l’armée de Terre auprès du ministère de la Défense pour l’année… 2015. Et, à regarder les chiffres, la situation apparaît plutôt contrastée.
Si l’on compare les données constatées en 2012 à celles relevées en 2015, on s’aperçoit que certains véhicules s’en tirent mieux que d’autres. Ainsi, le taux de disponibilité du char Leclerc est supérieur à ce qu’il était trois ans plus tôt (65% contre 57%). Même chose pour l’AMX-10RC (55% contre 45%) et le Véhicule à Haute Mobilité (76% contre 47%).
En revanche, entre 2014 et 2015, l’impression n’est plus la même. Hormis l’AMX-10RC, ces mêmes taux de disponibilité sont en baisse, celui du Leclerc chutant de 74% à 65%, tout comme pour l’ensemble des véhicules de l’armée de Terre.
Après avoir connu des hauts et des bas entre 2012 et 2015, les taux de disponibilité du Camion équipé d’un système d’artillerie (CAESAR) et du VBCI (des matériels récents), qui étaient de 81% en 2012, sont orientés vers la baisse, pour s’établir respectivement à 66% et à 76%.
Même chose pour le Petit véhicule protégé (PVP), qui, affecté par des défauts de conception qui ont motivé un retour en usine, a vu son taux de disponibilité tomber à seulement 41% en 2015 contre 52% un an plus tôt. En 2012, il était de 50%.
Le taux de disponibilité des Véhicules Blindés Légers (VBL) est au même niveau qu’en 2012 (56%), après avoir été porté à 65% en 2013.
La même chose peut être constatée pour les véhicules logistiques. Si le taux de disponibilité des Hagglunds BV206 LOG est meilleur en 2015 qu’en 2012, la situation semble se dégrader lentement mais sûrement pour les autres matériels. Ainsi en est-il pour les camions Kerax, PCM SISU (ensemble porte-char), TRM-1000, TRM-700/100 et GBC 180. Seuls les Véhicules légers de reconnaissance et d’appui (VLRA) sanitaires font exception, avec une disponibilité (61%) bien meilleure que celle relevée lors des trois années précédentes (40,55% en 2012, 37,32% en 2013 et 45% en 2014).
Et, entre 2013 et 2014, le taux de disponibilité des pourtant très récents Porteurs Polyvalents Terrestres (PPT) est orienté vers la baisse, passant de 74% à 65%.
Enfin, et ça ne surpendra personne, le taux de disponibilité du Véhicule de l’avant blindé (VAB) fait le yo-yo. Il était de 52% en 2012, de 43.90% en 2013, et 55% en 2014 et de 44% en 2015. Seulement, dans l’intervalle, le nombre d’exemplaires en dotation a considérablement diminué, passant de 3591 à 2582 unités. La tendance est identique pour le VAB Sanitaire, dont le taux de disponibilité a chuté de 15% en 4 ans, pour s’établir à seulement 46%.
Pour rappel, depuis juillet 2016, l’armée de Terre a donné le coup d’envoi à la réorganisation du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (MCO-T) dans le cadre du plan de transformation MCO-Terrestre 2025. Et cela avec l’objectif de « garantir, dans la durée et à coût maîtrisé, la disponibilité opérationnelle des matériels et le potentiel des équipements actuels et futurs. » Reste à voir si cette réforme portera ses fruits.
En savoir plus sur http://www.opex360.com/2017/01/31/les-hauts-les-bas-des-taux-de-disponibilite-des-vehicules-de-larmee-de-terre/#vQvU4TRk06lDM0yq.99
Les hauts et les bas des taux de disponibilité des véhicules de l'armée de Terre
Après avoir attendu pendant près d'un an, le député (LR) François Cornut-Gentille a enfin obtenu le taux de disponibilité de la plupart des véhicules de l'armée de Terre auprès du ministè...
-5 janvier 2016 :
Faisant suite aux articles sur la maintenance, ou plutôt la reconstruction (ce qui est appelé le Niveau Technique d'Intervention # 3), je vous propose 2 photos de VAB de retour de Pamir via Thessalonique, port de soutien du théâtre Kossovo, où j'étais chargé du traitement du Ro-Ro l' Eclipse qui faisant les acheminements entre la métropole et les théâtres.
Une petite mise au point, les plateaux de VTL sur lesquels sont sanglés les "carcasses" ne servent pas à leur transport, car trop lourds pour le VTL, mais seulement pour leur manutention lors des transits (bateau <=> train <=> avion).
Maintenant avec le PPLOG, c'est différent car sa charge utile est supérieure, même si en France la réglementation le rend alors... convoi exceptionnel ! C'est pour cela qu'il a 2 gyrophares qui peuvent se monter sur le dessus de la cabine.
Pascal Btr
-4 janvier 2016 :
Pour rebondir sur l’article concernant la maintenance des matériels de l’armée, ci-dessous une petite illustration en images de VAB revenus d’Afghanistan et re conditionnés.
Dépouillés de le « peau de requin » et sur blindages céramiques, ils sont entièrement démontés, révisés et prêts à repartir soit dans les régiments soit sur des nouveaux théâtres d’opérations extérieures.
Y compris certains dans de piteux états comme ce VAB revenu du Liban sur plateau et qui attend une remise en état complète...
Jérôme Hadacek
Au passage, remarquez la similitude des tâches du camouflage 3 tons Europe à 10% près sur chaque blindé. Et la différence par rapport au camouflage désertique qui ne devrait conserver QUE la tâche brune qui prend une ampleur surdimensionnée !
Notez également qu’il ne s’agit pas de « bandes » rectilignes comme on observe sur certaines maquettes, mais bien des tâches bien rondes et sinueuses dans un brun chocolat plus soutenu que celui du camouflage 3 tons Europe.
Tous ces engins sortent de l’atelier de peinture...
Le même exemple avec deux VBL, l’un revenant d’Afghanistan et comportant, un exceptionnel rare montage d’un tourelleau de… VAB ! Remarquez le surdimensionnement du diamètre par rapport au trou d’homme du VBL Panhard. Il a simplement reçu la nouvelle monte de roues et pneumatiques comme en attestent les écrous rutilants et les roues bien noires.
L’autre flambant neuf, prêt à repartir au sein de la FINUL au Liban… mais mal stationné. On remarquera qu’il porte un numéro d’immatriculation armée française jusqu’à son débarquement au Liban, où les Nations-Unies le prendront en charge et lui attribueront un numéro UNIFIL au fur et à mesure de chronologie de l’arrivée de chaque engin au port (Conf. UNIFIL-FINUL 1978/2011 par Thomas SEIGNON - Editions CARAKTERE)
-26 décembre 2015 :
Actuellement, les forces françaises sont engagés dans quatre opérations extérieures (OPEX) majeures, dont Sangaris en Centrafrique, Barkhane au Sahel, Chammal en Irak et en Syrie et Daman au Liban, dans le cadre de la Finul.
Comme le souligne la députée Marie Recalde (PS), qui redigé un rapport sur les conséquences des OPEX sur le Maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels avec son collègue Alain Marty (LR), le « rythme et l’intensité de nos engagements se sont considérablement accrus depuis les années 2010″ et ce « niveau d’engagement, inédit, dépasse le modèle décrit par le Livre blanc » sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2013.
Et le matériel est d’autant mis à rude épreuve que les conditions de leur utilisation sont nettement plus exigeantes qu’en Europe, avec des chaleurs élevées (jusqu’à 60°c sur certains théâtres), des terrains difficiles et abrasifs (sable abondant, poussières, roches coupantes, etc…). Cela entraîne, par exemple, une surconsommation des moteurs d’hélicoptères.
Qui plus est, à ces conditions difficiles, il faut ajouter des nécessités opérationnelles qui supposent aussi une consommation accrue du potentiel. Les avions de combat de l’armée de l’Air utilisent ainsi davantage la postcombustion en opération et emportent une charge maximale par rapport aux spécifications du constructeur.
Autre exemple, au Mali, un Véhicule de l’avant blindé (VAB) peut parcourir jusqu’à 1.600 km en une semaine contre seulement 400 km par an en métropole.
Et c’est sans compter sur les « dommages de guerre » et les accidents, qui ont détruit, comme le rappelle M. Marty, « 60 véhicules terrestres » entre fin août 2013 et début mars 2015. Mais ce sont « les hélicoptères de reconnaissance et d’attaque qui subissent les plus lourds dommages au cours d’actions de feu », précise-t-il.
Malgré ces difficultés, le taux de disponibilité des matériels engagés dans ces opérations est au plus haut, atteignant les 90%. Mécaniciens et logisticiens arrivent à faire des miracles…
Mais là où les choses se compliquent sérieusement, c’est au moment du retour de ces équipements en métropole, d’autant plus qu’il faut continuer à assurer la maintenance de ceux encore engagés en opération. Et cela n’est pas sans conséquence sur l’entraînement des forces, en raison d’un manque de matériel, ce dernier étant, en plus, prioritairement affecté aux opérations extérieures.
« La remise en état des matériels rentrés d’OPEX est plus longue, plus lourde et plus coûteuse du fait des conditions d’engagement extrêmes », avance M. Marty. Ainsi, la régénération d’un char AMX-10 RC représente 676 heures de travail pour un coût évalué à environ 190.000 euros.
En outre, la remise en état n’est pas toujours possible. Pour l’armée de Terre, le nombre de véhicules bons pour la casse a triplé depuis 2013, avec une petite trentaine par an rendus inutilisables.
Et environ 17% du parc désengagé a été purement et simplement éliminé, en raison de la vétusté des véhicules ou du coût, jugé trop important, pour leur remise en état.
S’ajoute à cela les déflations d’effectifs qui ont affecté le soutien des armées pour des raisons comptables. « Selon le directeur central de la SIMMAD [ndlr, Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère la Défense], 20 appareils de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT) sont, de manière chronique, en attente de techniciens pour assurer la remise en état des équipements et reconstituer leur potentiel ». Un exemple parmi tant d’autres…
D’où un effort particulier qui doit être fait dans ce domaine. « Le renforcement des effectifs de soutien nous paraît particulièrement important. Lorsqu’on analyse les conséquences des déflations d’effectifs opérées entre 2008 et 2015, (…), on arrive à 8.700 supprimés au niveau des MCO aéronautique et terrestre. Aujourd’hui, on constate de fortes tensions sur certains territoires et en OPEX », a souligné M. Marty lors de la présentation de ce rapport.
Et d’ajouter : « L’arrivée de nouveaux matériels très technologiques et hyper-connectés nécessitera à l’avenir le recours à des maintenanciers d’un haut niveau technique », notamment avec le programme Scorpion de l’armée de terre et l’arrivée des frégates multimissions « dont les logiciels nécessaires à leur fonctionnement comprennent quelque 120 millions de lignes de code informatique ».
Aussi, a conclu M. Marty, « en plus des équipes de soutien compétentes pour la maintenance traditionnelle, les forces auront sans doute besoin de véritables ingénieurs militaires au sein de la chaîne MCO, lesquels relèveront des catégories administratives supérieures les plus coûteuses » en terme de masse salariale.
Même si des efforts ont été consentis, notamment au niveau des crédits d’Entretien programme des matériels (EPM), le rapport de Mme Recalde et de M. Marty avance quelques pistes pour améliorer ce qui peut l’être en matière de MCO.
L’une d’entre elles consisterait à « modifier la procédure du décret d’avance OPEX pour assurer un financement ‘au fil de l’eau’ et une plus grande réactivité face aux besoins opérationnels ».
En fin d’année, le dépassement des surcoûts liés aux OPEX fait l’objet d’une loi de finances rectificative. L’idée serait donc de rendre le décret d’avance OPEX semestriel, voire trimestriel. »
« Cette simple modification de la procédure n’aurait que des vertus et ce, sans dépenser un euro supplémentaire. Elle permettrait, d’une part, d’assurer le financement des priorités en OPEX et, d’autre part, de ne plus ‘cannibaliser’ les ressources nécessaires au soutien en métropole. Elle n’aurait aucune incidence sur le solde budgétaire, et elle permettrait, enfin, de rendre plus efficace les procédures de contractualisation des marchés. En effet, certains sont lancés en urgence, en fin d’année, une fois les ressources du décret d’avance rendues effectivement disponibles », a fait valoir Mme Recalde.
Enfin, une autre recommandation serait de « dégeler au moins partiellement la réserve de précaution dès le début de l’année », dont le montant est de 1,63 milliard d’euros pour la mission Défense. « Ce mécanisme budgétaire est nécessaire au pilotage de la dépense publique. Mais le recours à la réserve ne doit pas se traduire par des tensions opérationnelles pour nos forces, alors que les pouvoirs publics exigent d’elles un engagement sans faille encore renforcé par les événements tragiques que vient de connaître notre pays », a expliqué la députée.
Source :
Les opérations extérieures mettent la maintenance du matériel à rude épreuve
Actuellement, les forces françaises sont engagés dans quatre opérations extérieures (OPEX) majeures, dont Sangaris en Centrafrique, Barkhane au Sahel, Chammal en Irak et en Syrie et Daman au Li...