Tracteur Reo M52 5 Tons (Scratch laiton - 1/50 - par P. Comelli) ​

-8 juillet/11 novembre 2023 :

Tracteur Reo M52 5Tons Vietnam

" ROBERTA " 359 th Company "

(Scratch laiton - 1/50 - par Patrick Comelli)

Bizarrement ce camion de 5T pourtant très répandu, véritable couteau suisse de l'armée américaine et d'autres armées étrangères n'a pas suscité un grand intérêt de la part des constructeurs et artisans  à l'échelle  1/50.

On retiendra à cette échelle le modèle Corgi Toys des années 60  très approximatif  ou la version Honest John plus intéressante de Dinky G.B dans les mêmes années.

Les industriels lui ont préféré les versions 2,5 T comme  Solido  avec son Kaiser Jeep puis Corgi Toys dans la série Unsung Heroes.

Les maquettistes qui compteraient transformer vite fait bien fait  les modèles 2,5 T Solido ou Corgi  en version 5T en seraient pour leur frais car hormis la cabine commune aux 3 versions de la séries M :  2,5 T ,5T, et 10T  (M123), toutes les autres dimensions du 5T  sont  différentes !

Le capot est plus haut et  plus long et les ailes sont plus longues et plus larges ; quant au châssis et à la monte de pneus, tout est complètement différent de la version 2,5 T (voir ci-dessous).

Pour réaliser ce modèle en scratch toujours en "10 D" (dix doigts 😂) et laiton, j'ai quand même utilisé deux éléments empruntés au modèle Solido 2,5T : la cabine puisqu'elle est commune aux trois types de camions et le capot que j'ai complètement remanié.

Donc, comme me le faisait très justement et malicieusement remarquer Thomas Seignon, le modèle n'est pas en scratch intégral de A jusqu'à Z mais seulement de B jusqu'à Y !

Première étape : l'ensemble cabine, capot, ailes

C'est de loin l'opération la plus compliquée ;  il m'a fallu plusieurs essais et bon nombres de déboires. Je ne compte plus les heures passées  pour arriver à un résultat satisfaisant...

J'ai décomposé cet ensemble en trois parties distinctes.

La cabine a été traitée de la même façon que la cabine du Reo M48 d'après plans et photos d'archives. Rien de compliqué jusque là, j'ai juste rajouté un blindage à la place des vitres en haut des portes, embuscades  vietnamienne oblige (toujours d'après des photos d'époque).

Le capot lui a été entièrement poncé et tous les détails en relief effacés avec un mini disque  à poncer.

Le capot du 5T étant beaucoup  plus long, la cloison pare-feu d'origine Solido  a été conservée et  intégrée dans la longueur du  capot et une nouvelle cloison  a été réalisée en laiton  pour arriver aux cotes du plan.

Le plus ardu de l'opération, c'est la mise en forme de la  nouvelle  hauteur du capot ; pour cela, j'ai enduit le haut du capot d'une épaisse couche de Sintofer que j'ai sculptée après un bon séchage ; n'étant pas sculpteur, j'ai du recommencer plusieurs fois.

Les ailes ont été réalisées entièrement en alu et laiton, toujours dans le respect du plan et des photos d'archives, comme pour les deux autres parties de l'ensemble.

Les accessoires tel que filtre  à air, échappement, feux de black-out... sont évidemment fait "maison" en laiton .

Dans un article précédent concernant plusieurs tutos visant à fabriquer essieux, suspensions et système de transmission de camions, j'avais présenté une ébauche du futur  châssis de ce Reo M52, il a un peu évolué depuis.

Même s'il reste beaucoup de  travail à faire, l'ensemble commence  à prendre forme  et constituera la suite de l'article consacré à cette réalisation.

Pour donner une idée de la différence de gabarit entre les deux engins, j'ai photographié le Reo M52  5t  à coté du M48 2,5T (voir ICI).

Deuxième étape : le châssis

La réalisation du châssis n'est pas une opération très compliquée mais surtout  très chronophage, vu que je me suis inspiré de l'échelle 1/35 pour détailler au maximum cette opération.

Sur les dernières photos présentées début juillet, la partie arrière du châssis était terminée, mais pas la partie avant. Deux longerons provisoires, un à l'avant et un autre au milieu, assuraient  la solidité et la rigidité de l'ensemble.

Le longeron avant a été supprimé et remplacé par le pare-choc et juste derrière les supports de capot et la partie basse du radiateur.

Le longeron du milieu a été remplacé par la boite de transfert.

Coté droit, un coffre à batterie et coté gauche un coffre renfermant les bouteilles d'air comprimé ont été installés ainsi que, juste devant les bouteilles d'air comprimé, le filtre  à carburant.

En dessous l'arceau de protection si  caractéristique du M52 prend place également.

Les amortisseurs à l'avant, oubliés lors de la première phase, ont été installés.

Les deux réservoirs de carburant, ainsi que la sellette  et les essieux arrières, sont  montés provisoirement ; leur montage définitif n'interviendra qu'à la fin, ceci afin de faciliter les opérations de peinture.

En effet, un montage complet et définitif du châssis ne permettrait pas de peindre toutes les pièces de façon efficiente. Avec ce procédé, la peinture est appliquée partout, même dans les endroits les plus inaccessibles.

Tous ces sous-ensembles sont maintenant apprêtés et prêts à être peints.

Un montage à blanc donne un aperçu du travail déjà réalisé...

Troisième étape : le moteur, la boîte de vitesse et les aménagements intérieurs

Le bloc moteur a été partiellement reproduit, seulement le dessous. Comme le capot ne s'ouvre pas, il est inutile de perdre son temps à reproduire une partie du véhicule qui ne se verra jamais.

La boite de vitesse est quant à elle complète, avec son arbre  de transmission.

Pour les aménagements  intérieurs, j'ai utilisé les sièges Solido en plastique par pure fainéantise et pour ne pas perdre trop de temps non plus...

Quatrième étape : l'ensemble coffre, roue de secours et flexibles de freins

Les derniers éléments de ce prototype à créer sont  enfin  atteints : c'est l'ensemble coffre, roue de secours , flexible de freins...

Dans un premier temps, j'ai réalisé le support de cet ensemble qui vient se monter au dessus des deux réservoirs de carburant.

J'ai du refaire les deux  bouchons, à l'origine en white métal, des réservoirs qui étaient trop grands et qui ne s'inséraient plus dans les deux  trous prévus  à cet effet.

Un mal pour un bien car les nouveaux bouchons en laitons ont bien meilleure allure !

Il reste à faire le porte-roue de secours, le coffre et les trois  flexibles de freins pour clore le chapitre construction avant de passer à la peinture de l'ensemble et aux finitions...  mais on peut dire que le plus compliqué est passé.

Cinquième étape : la fin de la construction de ce prototype s'approche...

Le porte-roue de secours, le mat et les flexibles de freins avec les valves d'ouverture en bas et le portique soutenant le coffre à outil ont été réalisés en laiton.

Le phare directionnel en plastique en haut est d'origine CEF Acmat ; là-aussi, par pure fainéantise, j'ai puisé dans la boite  à rabiot.

Pour détailler un maximum tous ces éléments, je me suis inspiré, comme souvent, de l'échelle 1/ 35 qui permet cela.

Je vais encore radoter mais hélas au 1/50, 1/48  et 1/43, il n'existe  quasiment pas d'accessoires et on doit tout faire soi-même.

C'est pour cela que je me suis lâché ; j'ai  confectionné un petit cadenas pour la fermeture du coffre  à outil à gauche. Il restera brut en laiton car quoi de mieux que du vrai laiton pour représenter... du laiton ?!

Une photo à coté du M48 pour bien montrer les différences d' éléments derrière les cabines entre le 2,5t et le 5 t.

Ce camion est une reproduction d'un Reo M52 ayant réellement existé et appartenant à la 359 th Transportation Company au Vietnam.

La plupart de ces tracteurs de citernes à essence ne comportaient pas de treuils à l'avant (un peu inutile sur les pistes vietnamiennes ). Quand un camion  était touché, s'il pouvait encore rouler, il était tracté par un autre camion  avec une barre de traction. S'il était complètement détruit, il était chargé par un camion-grue sur une semi -remorque pour être évacué.

Tout cet historique pour expliquer que je n'ai pas choisi de reproduire un treuil, comme sur le Reo M35 Nancy (voir ICI), pour  toutes ces bonnes raisons, mais plutôt la fameuse barre de traction spécifique  de l'U.S Army. Celle-ci est fonctionnelle et construite en laiton.

Le montage de ce proto est  maintenant  terminé, à l'exception de quelques détails sur la cabine, comme les rétroviseurs et feux de blackout...

Place à la peinture des sous-ensembles et à la finition.

Sixième  étape : les derniers détails de la cabine...

 

Le châssis et les jantes ont été  peintes en Tamiya TS5 (Olive Drab) et les derniers détails en laiton sont réalisés : feux de black out, les quatre attaches de capot ainsi que les rétroviseurs.

 

Ces derniers ont été montés avec des tiges en acier pour assurer leur  solidité lors des futures manipulations.

 

 

Pour réaliser les attaches de capot, j'ai utilisé pas moins de 4 pièces en laiton ; voir l'éclaté sur la photo.

 

 

La cabine est maintenant prête à peindre.

 

Ajout du 11 novembre 2023 :

Septième étape : peintures et finitions :

Après le châssis, la cabine a été peinte à son tour en Olive Drab TS5 de chez Tamiya.

Après les opérations de peinture, il me restait à faire les finitions. En parcourant divers revues et photos, je suis tombé sur une photo d'un  tracteur Reo M52 tractant une citerne de carburant  au Vietnam, dans le livre de T.J Kutta '' Gun Trucks " édité par Squadron Signal.

Dans ce livre, un des tracteur Reo est  baptisé " Roberta " et comme le futur propriétaire de ce modèle s'appelle Robert, le choix pour réaliser  les  finitions et marquages de ce  modèle m'est apparut comme une évidence...

Ce camion était un véhicule de la  359 th company  qui assurait le transport de carburant entre le port de Qui Nhon et les bases intérieures de Pleiku, empruntant la fameuse route coloniale 19 construite  par les français au début du 20^e siècle.

Ces convois, formés parfois par 200 camions, assuraient la logistique des unités en première ligne. Ils étaient bien sûr la cible favorite des vietcongs.

Les chauffeurs des camions citerne au volant de véritables  bombes roulantes  étaient les plus exposés au tirs de RPG, lors des embuscades.

La particularité des camions du 359 th était le devant du capot,  le "nez", peint en jaune. Ce marquage de capot avait pour utilité de le rendre plus identifiable depuis les airs pour le commandant de l'unité lorsque celui-ci survolait le convoi en hélicoptère.

Les premiers à arborer ce dispositif furent les camions du  240 th bataillon dont le devant  du capot  était peint en blanc.

Peu de temps après le colonel Alexander Langston, commandant du 8^e groupe (dont dépendait la  359 th company ) trouvant l'idée bonne, fit peindre le nez de ses camions en jaune début 1969.

Au fur et à mesure que la guerre avançait, il y eu quelques variantes de marquages jaunes avec des bandes types rallye, plus très réglementaires.

A noter aussi qu'une unité clandestine de l'agence de sécurité de l'Armée Américaine  8th Radio  Research Field Station (8 RRFS) avait peint le devant de ses capots  d'une bande tricolore :  rouge, blanc, bleu (l'inverse du drapeau Français) très reconnaissable.

Certains  phares des camions  étaient jaunes aussi ou parfois moitié jaune - moitié blanc, pour la reconnaissance aérienne de nuit.

Après le devant du capot peint en jaune, il me restait les marquages réels à faire : immatriculation, numéros d'unités... Cette opération a été facilitée grâce à la photo trouvé dans le livre Gun Trucks où ils figurent tous.

Sur le pare choc de la gauche vers la droite on peut lire les inscriptions suivantes :

-coté gauche du pare choc :

QNSC (Qui Nhon Supply Command) le 27 th batallion (dont dépendait la  359 th company)  fut détaché du 8^e Group et dépendit directement du commandement de soutien de Qui Nhon

  27T  = 27 th  Batallion

sur le côté droit : 

359 T = 359 th company  

238 = 238^e camion de la compagnie  

Sur les cotés du capot, l'immatriculation du camion : 5F 8678.

L'indicateur de pression des pneus  TP70 (Tire Pressure 70 PSI) devant chaque pneus.

Tous ces marquages sont des décals réalisés sur mesure par Brille Strike (voir ICI).

Sur les photos ci-dessous, j'ai joint le Réo 2,5 tons M48 à son homologue M52 5tons, pour bien montrer la différence de gabarit entre ces deux versions.

Voici donc arrivé la fin du montage de ce prototype qui s'est révélé ultra chronophage. Il ne lui manque plus qu'une semi citerne de carburant  de 5000 gallons, mais çà c'est une autre histoire...

Quant à moi je vais faire un break maintenant ;)

"On a parfois besoin d'un plus petit que soi "