Guerre en Ukraine : armement envoyé par la France

Dès l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la France n'a pas cessé de fournir à Kiev de l'armement souvent pris sur les stocks de ses armées. Un point sur l'aide militaire apportée par Paris.

La France livrera-t-elle à l'Ukraine les chars Leclerc réclamés par Kiev? La question est soulevée en France pour permettre à l'armée ukrainienne de faire face aux offensives russes qui seront lancées dès la fin de l'hiver. Si Paris hésite encore, elle a soutenu le pays dès le début du conflit en envoyant de l'armement souvent prélevé sur le stock des armées françaises.

"La stratégie de cession vise en particulier à renforcer la capacité opérationnelle des forces armées ukrainiennes dans les domaines aux enjeux de portée stratégique comme l’artillerie, la mobilité sous blindage et la défense sol-air", explique le ministère des Armées.

En 2022, la France a contribué à hauteur de 550 millions d'euros sur un montant total européen de 3 milliards d'euros. En plus de l'armement, la France a créé un fonds spécial de soutien d’une dotation portée à 200 millions d'euros. Ce montant permet à l’Ukraine de s'équiper directement auprès des industriels français de la BITD (base industrielle et technologique de défense).

D'autre part, les militaires ukrainiens ont été formés en France pour l'utilisation de l’équipement et de l’armement fournis. La France dispense aussi des formations du combattant et des formations spécialisées (maintenance, logistique...). A ce jour, plus de 400 spécialistes militaires ukrainiens ont déjà été formés par l'armée française.

La France a aussi envoyé des équipements de combattant (casques, gilets pare-balles, jumelles vision nocturne, rations de combat, tenues NBC, matériel médical) ainsi que du carburant et des munitions de tous calibres dont le détail reste confidentiel. Quant à l'armement, nous avons établi un point sur l'armement qui a été fourni et qui sera envoyé dans les prochaines semaines.

Des tirs ukrainiens sur des positions russes à l'aide d'un canon français Caesar, le 28 décembre 2022 - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP

• Une vingtaine d'AMX10-RC

Cet engin blindé léger amphibie de 15 tonnes a été conçu pour faire du renseignement et de la reconnaissance. Il est doté d'un canon de 105mm et de mitrailleuses de 7.62mm et peut transporter jusqu'à 38 obus.

Le nombre d'AMX donné n'a pas été indiqué officiellement mais il se fera au rythme de leur remplacement par les Jaguar, son successeur créé dans le cadre du programme de combat collaboratif Scorpion. On peut évaluer que la France enverra à Kiev d'ici deux mois progressivement une vingtaine d'AMX10. La formation des opérateurs doit démarrer dans les prochains jours.

• 60 Véhicule de l'Avant-Blindé (VAB)

Une soixantaine de VAB (Véhicule de l'avant blindé) a été fournie à l'Ukraine. Entré en service en 1976, c'est actuellement le véhicule de transport de troupes le plus répandu dans l'armée de Terre française. Il est le plus couramment armé d'une mitrailleuse, mais il peut aussi être équipé d'un canon-mitrailleur ou système lance-missiles.

• 20 Bastion

En octobre, la France a renforcé son soutien militaire à l'Ukraine en annonçant un don de 20 véhicules blindés Bastion (Arquus). Le Bastion est un blindé de 12,5 tonnes développé exclusivement pour l'export. Il en existe en plusieurs versions. Celle qui sera envoyée en Ukraine sera l'APC, un modèle de combat équipé tourelle pour accueillir une mitrailleuse de calibre 12,7 mm.
 

• 18 Caesar

La France a fourni 18 canons Caesar de 155mm à l'Ukraine. Ces obusiers sont particulièrement appréciés pour leur maniabilité: ils sont directement montés sur un camion. Ils ont une portée de 40 kilomètres et chaque canon dispose de son propre calculateur balistique ainsi que de son système de navigation. Ils peuvent tirer six obus par minute.

• 6 TRF1 de 155 mm

Le TRF1 est un canon tracté de 155 mm d'une portée de 24 kilomètres avec des projectiles conventionnels et de 30 kilomètres avec des projectiles actifs-réactifs. Sa cadence de tir est de 6 coups par minute. Il est motorisé pour se déplacer à moins de 10km/h afin de changer de position après des tirs.
"Quelques dizaines" de missiles anti-chars Milan

La France a fourni "quelques dizaines" de missiles sol-sol antichar Milan, une arme adaptée à la lutte contre les chars, les engins blindés ou les bâtiments. Le Milan permet de tirer de jour comme de nuit grâce à un système infrarouge. Il atteint des cibles jusqu'à 2500 mètres grâce à un système de guidage semi-automatique, dit "filoguidé".
 

• Mistral

Des missiles anti-aériens à très courte portée Mistral ont été fournis. Ils peuvent atteindre une cible au sol à une distance de 6000 mètres et une cible aérienne à 3000 mètres d'altitude. Fabriqués par MBDA, la France a autorisé la Norvège à donner une centaine de ces missiles sol-air sur les 400 achetés durant les années 1990.

• Crotale

En matière de défense anti-aérienne, le Crotale, produit par Thales et armé par MBDA, est un système de courte portée (3000 mètres d'altitude) adapté pour détruire les missiles russes et les drones kamikaze comme ceux que l'Iran fournit à Moscou. Plus sophistiqués que les Mistral, les Crotale disposent de radar et d'un calculateur de tir pour atteindre la cible en infrarouge. On ne sait cependant pas combien de Crotale ont été fournis.

• Un système Mamba

La France et l'Italie enverront en Ukraine d'ici à l'été prochain un système Mamba SAMP-T (Thales) constitué d'éléments fournis par les deux pays. La formation des opérateurs ukrainiens démarrera dans les prochains jours. Ce système est équipé de missiles de moyenne portée Aster-30 (MBDA).

Il est conçu pour faire face à des attaques de missiles croisière ou balistique, engager des avions de chasse ou de drones, le Mamba est une arme supersonique (mach 4,5) capable d'atteindre une cible jusqu'à une altitude de 20 kilomètres à une distance de plus de 100 kilomètres.

•Deux lance-roquettes unitaires (LRU)

L'Ukraine a reçu deux lance-roquettes unitaires (LRU) français. Avec une capacité de frappe à plus de 70 kilomètres, ils permettent de toucher des cibles lointaines, par exemple les chaînes logistiques russes ou leurs bases arrière, ou de frapper le front tout en se trouvant hors de portée des tirs ennemis.