Bedford ML semi-remorque RAF (Dinky Toys - par Thomas SEIGNON) ​

DINKY TOYS

Bedford ML semi-remorque RAF

« Ce qu’un collectionneur ne devrait pas faire » (saison 3)

Comment transformer la Ref. 521 (1948), devenue Ref. 921 (1954)

puis Ref. 409 (1956 jusqu’en 1963)

dans une version qui relève uniquement de mon imagination

(par Thomas SEIGNON)

Je déconseille fortement la lecture de cet article à un puriste de la collection Dinky Toys, surtout s’il a une faiblesse cardiaque ou des problèmes d’épiderme.

En effet, il s’est déjà certainement étranglé lors de la publication de la saison 2 (voir ICI), où il s’agissait de transformer une référence existante (en l’occurrence la 30h)  en une autre référence existante (la 30 hm / 624).

Je qualifiais alors cette démarche de transgression, or cette fois je m’attaque à l’interdit absolu, à savoir la transformation d’une référence existante… en un modèle qui n’est pas référencé, donc qui n’existe pas !

Qui plus est, il s’agit d’un modèle emblématique de la collection Dinky GB « supertoys » produit Outre-Manche pendant 16 ans : le « Bedford articulated lorry ».

Autant dire que je m’enfonce dans les cercles de l’enfer.

Pour ce projet diabolique, tout repose, du moins en ce qui me concerne, sur la rencontre entre un modèle dont l’état de la peinture est significativement dégradé et une idée de transformation historiquement cohérente.

Le Bedford type ML, puisqu’en réalité c’est de lui qu’il s’agit, apparaît en 1939 et bien que ne correspondant pas à une quelconque exigence militaire, la situation de la Grande-Bretagne à partir de 1940 va générer un mouvement de réquisition en sortie des chaînes de montage de tout ce qui roule et qui pourrait être utile aux armées.

Le Bedford ML et sa remorque ont parfaitement pu faire l’objet d’une telle démarche.

À partir de cette idée, je commence par la chaîne de démontage qui révèle une certaine originalité pour un modèle de chez Dinky Toys, puisque l’essentiel de l’assemblage n’est pas fondé sur du rivetage, mais plutôt sur du « clipsage » et un verrouillage axial du châssis.

Cette phase initiale permet également de bien repérer les limites entre les deux teintes principales du modèle avant de procéder au décapage complet qui se déroule en deux temps :

1- le passage au « décap’ four » dans un sachet étanche pendant 24 heures.

2- le décapage proprement dit qui suppose l’emploi d’une meule montée sur une mini perceuse afin de supprimer définitivement toute trace de la peinture initiale.

Le seul rivet qu’il faut extraire est celui qui relie la remorque à la sellette (la remorque n’est pas détachable du tracteur).

D’abord on perce, en évitant d’aller trop loin, et ensuite on fraise en cohérence avec le diamètre du rivet qui est sélectionné en fonction de son adaptation à son futur emplacement.

Ce formatage du rivet est d’autant plus nécessaire qu’il doit non seulement assurer la rotation normale de la remorque mais aussi l’intégration de l’ensemble dans le châssis sans générer de frottement.

La plaque métallique inférieure, après décapage, bénéficie dans un premier temps de l’application d’un voile d’apprêt anti-rouille  avant de lui appliquer une couche de noir satiné en bombe (Tamiya « semi gloss black » - 29).

On arrive maintenant au cœur de notre sujet, à savoir la réquisition de notre Bedford.

Compte tenu des multiples manipulations consécutives aux opérations de décapage, je conseille un dégraissage des pièces à l’eau chaude savonneuse avant de procéder à la mise en peinture.

Afin de ne pas contribuer au « verdissement » d’une collection déjà bien marquée par cette teinte, je me suis tourné vers l’option RAF, tout en conservant deux teintes, dans l’esprit du modèle d’origine.

Le bleu RAF (Tamiya « field blue » XF 50) est passé en plusieurs couches à l’aérographe alors que le noir (Tamiya « semi gloss black » X 18) est appliqué, soit à l’aérographe sur les pièces totalement noires, soit au pinceau sur les partie bicolores (la forme arrondie des ailes rend la pratique du masquage difficile).

J’adopte ensuite une décoration minimaliste en correspondance avec la teinte retenue et ce que Dinky Toys pratiquait à l’époque.

À cet égard, le cercle à l’arrière de la remorque indiquant une limitation de vitesse à 20 miles/h reprend un des éléments du modèle d’origine ; c’est aussi le cas de la calandre qui est détaillée, comme sur le modèle de référence, à la peinture argent.

Les autres marquages, comme les cocardes s’inspirent plus de ce qui se faisait sur des modèles Corgi Toys dans les années 60s.

Reste que tout cela donne un résultat bien trop mat pour s’inscrire dans l’esprit Dinky Toys.

En conséquence et avant remontage, une bonne couche de vernis brillant, dilué à 50 %, va nous en rapprocher tout en contribuant à protéger cette nouvelle peinture.

Il ne reste plus qu’à remonter l’ensemble dans le bon ordre pour obtenir un camion réquisitionné par la RAF pendant les « dark hours » de l’année 1940 en Grande Bretagne.

Pour ma défense, dans le cadre du procès en sorcellerie que les puristes seraient en droit de m’intenter suite à ce travail sans doute inspiré par le Malin, je pourrait toujours dire que :

1- Dinky Toys a exploité le Bedford ML dans de multiples versions et, au sein de chaque version, dans de multiples décorations, voire variantes (par exemple, avec ou sans vitrage). Alors pourquoi pas une version militaire !?

2- C’est d’autant plus vrai qu’il existe une déclinaison militaire du modèle de base de ce Bedford  sous la Ref 25 WM (1948).

3- Qui plus est, je ne suis pas le premier à me livrer au sport de la remise à hauteur, pratiqué de façon professionnelle par Dan Toys dont le magasin du XV^ème arrondissement de Paris est bien connu des collectionneurs.

4- Bon, et puis en désespoir de cause, saboter un matériel en provenance de la perfide Albion, ce n’est qu’à moitié pécher !