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-16 janvier 2022 :
Panhard EBR
Le raid du 1er REC dans le sud algérien
(janvier / mars 1958)
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(Gaso.Line - 1/48 - par Thomas Seignon)
En lisant l’article d’Yves sur l’EBR (voir ICI), je me suis dit que j’allais mettre un commentaire rapide sur le sujet.
D’abord parce que le choix de l’EBR de chez Dinky Toys comme « Madeleine de Proust » du collectionneur est, de mon point de vue, particulièrement justifié.
Ensuite parce que la référence aux raid de l’Armée de terre dans les confins du sud saharien est en effet indissociable de l’histoire de l’EBR.
Enfin parce que cet intérêt a fait naître chez moi le même réflexe de réalisation d’une maquette avec l’apparition du modèle de chez Quarter Kit (merci Olivier Saint-Lot !).
Trois raisons qui ont rapidement convaincu le rédac’chef qu’il fallait que je fasse mieux qu’un commentaire.
Je commence donc par l’approche historique en me référant aux photos de l’article d’Yves.
Le raid du 1er REC dans le sud algérien
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(janvier / mars 1958)
C'est en octobre 1957 que le 1er Régiment Étranger de Cavalerie (1er REC), basé à Constantine en Algérie, touche ses premiers EBR en remplacement des AM M 8 et AM M 20 vieillissantes.
C'est l'occasion de restructurer le régiment qui s'articule maintenant autour de deux escadrons blindés sur EBR, un escadron porté sur Dodge (4X4 et 6X6) et un escadron de commandement et des services.
Par ailleurs, l’EBR est un matériel récent qui, après bien des déboires initiaux, arrive progressivement au sein des unités de cavalerie.
Le déploiement en Afrique du Nord va permettre d’évaluer cet engin moderne, mais « délicat ».
En liaison avec l’EMAT et la STA, l'arrivée de l'EBR va donner au régiment l'opportunité de "marquer le coup" en montant une opération qui sort de l'ordinaire sous la forme d'un raid de 6000 kms aller/retour, de la côte nord de l'Algérie jusqu'à la frontière du Niger au sud. Pour le REC, une telle aventure répond à plusieurs objectifs :
-Évaluer et s’approprier ce nouveau matériel en engageant hommes et machines dans une épreuve contraignante pour les uns comme pour les autres.
-Montrer la présence de la France dans les endroits les plus reculés de l'Algérie à un moment où les "évènements" commencent à prendre les proportions de ce que l'on appelle pas encore une guerre.
-Communiquer sur la capacité de la Légion à sortir de l'ordinaire… Et ce n'est pas un hasard si une équipe de l'Établissement Cinématographique des Armées (ECA) fait partie du raid !
L'affaire est préparée avec soin et 6 EBR sont spécialement modifiés en usine chez Panhard, Porte d’Ivry, avant d’être livrés : renforcement des suspensions, jeux de quatre plaques de franchissement par engin, augmentation de la capacité d'emport en eau potable, monte pneumatique intégrale pour 2 des engins (il s’agit de pneu Michelin X 1200x20 dont la pression de gonflage est variable)…
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Symbole de ce raid, un des 6 EBR en plein désert. Celui-ci est une version "standard" équipé des roues intermédiaires, dites « agricoles ».
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Avec ses roues centrales en position basse, on distingue clairement sur cet EBR les plaques PSP et leurs fixations spécifiques ainsi que les jerrycans d'eau potable de 10 l. ajoutés sur la tourelle.
Une section de protection sur Dodge fait aussi partie du voyage, ainsi qu'une équipe de soutien technique sur Berliet "Gazelle" et GLR 8.
L'essentiel du soutien technique est d'ailleurs assuré par des soldats de "la régulière", dont des appelés du contingent.
Au total, c'est une centaine de personnes qui sont engagés dans cette aventure.
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Équipage et mécaniciens s'affairent autour de l'amortisseur arrière gauche. Ces éléments d'amortissement ont été spécifiquement montés pour ce raid et viennent renforcer l'amortisseur principal.
Le convoi se met en route en janvier 1958 à partir de Constantine et rejoint Biskra par la route, via Batna et l'ouest du massif montagneux des Aures.
Il poursuit sa route plein sud vers Touggourt, sans problème majeur, si ce n'est que la piste succède à la route et que l'entretien des véhicules doit faire l'objet d'une attention particulière.
La colonne se dirige ensuite vers Ouargla, en plein désert, et descend le long des champs pétrolifères d'Hassi-Messaoud.
Les conditions se durcissent pour le matériel qui souffre du sable mais aussi pour les hommes qui sont confrontés à des variations de températures quotidiennes d'une bonne trentaine de degrés !
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Le sable s'infiltre partout et impose des séquences de nettoyage régulières, comme ici pour les tambours de freins.
En traversant le Grand Erg Oriental jusqu'à Fort Flatters, ce sont de somptueux paysages qui accompagnent nos soldats qui progressent hors piste.
Arrivé à Fort Flatters, une importante séance d'entretien s'impose (un moteur d'EBR à changer).
La progression reprend vers Djanet (Fort Charlet), en "naviguant" de points d'eau en points d'eau et en alternant les secteurs montagneux du Tassili des Ajjer et des zones de dunes et de "fech fech" dans lesquelles l'EBR se montre plutôt plus à l'aise que les autres véhicules du convoi. A partir de Djanet, on met le cap vers le sud ouest et Tamanrasset.
Il faut traverser le massif du Hoggar sur des pistes de montagnes sinueuses qui mettent à nouveau les hommes et les machines à rude épreuve.
A Tamanrasset, les mécaniciens doivent mettre les bouchées doubles pour remettre en état l'ensemble des véhicules.
A ce stade il reste un peu moins de 500 Km pour atteindre le poste d'In Guezzam à la frontière nigérienne.
Finalement, le convoi ne poussera pas jusqu'à In Guezzam et il est décidé de prendre la route du retour, cap au Nord, à partir de Tamanrasset.
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Un des deux EBR du raid équipé d’une monte pneumatique intégrale. Contrairement à la monte standard, en pneus dits « increvables », celle6ci permet de faire varier la pression des pneus, ce qui peut s’avérer utile dans le sable.
C'est à nouveau le Hoggar puis la traversée des monts du Mouydir jusqu'à In Salah. La remontée au nord se poursuit sur des pistes plus ou moins balisées vers El Goléa puis Ghardaia où les routes goudronnées commencent à réapparaître.
A partir de Laghouat, la colonne quitte le désert pour atteindre les hauts plateaux de l'Atlas et traverser Djelfa et Médéa pour atteindre Blida.
Il ne reste alors plus qu'à mettre le cap à l'est pour rejoindre Constantine et mettre un point final, fin mars 1958, à cette aventure autant humaine que technique.
Néanmoins, et contrairement à ce que le reportage de l’ECA pourrait laisser penser, le 1er REC n’est ni le premier ni le seul à avoir effectuer un raid saharien avec ses EBR.
En effet, c’est le 8ème Régiment de Hussards (8ème RH) qui ouvre le bal entre novembre et décembre 1956, avec déjà 6 EBR spécialement préparés.
C’est encore le 8ème RH qui réalise les deux derniers raids entre novembre 60 et janvier 1961 (opération « Gerboise Bleue ») puis entre mars et mai 1961 (opération « Gerboise verte »… les opérations « Gerboise » sont liées aux essais nucléaire sur le site de Reganne).
Le dernier raid n’engage pas moins de 18 EBR.
Panhard EBR
(Gaso.Line - 1/48 - par Thomas Seignon)
J’en viens maintenant à la maquette.
Pour quelqu’un qui travaille prioritairement au 1/48, l’arrivée du modèle de chez Quarter Kit a constitué une excellente nouvelle.
Si on y ajoute la couverture photographique de l’ECA à l’occasion du raid du 1er REC, les ingrédients de la motivation au passage à l’acte sont réunis !
Ceci posé, il y a un « petit » travail de modification à prendre en compte si l’on veut se rapprocher de l’objectif, à savoir représenter l’un des quatre EBR du raid qui a conservé ses roue intermédiaires « agricoles »….
À ce stade les photos valent mieux qu’un long discours !
Vue de face de la maquette. Le poste pilote est protégé par le pare brise réglementaire, souvent mis en place dans le contexte du raid...Mais non fourni dans le kit !
Spécialement préparé par Panhard, les EBR du raid bénéficient du doublement de leur dispositif d’amortissement. Le jeu d’amortisseurs supplémentaire n’est pas prévu dans le kit qui correspond à un EBR « normal ».
Les plaques dites « PSP » (Pierced Steel Planking en référence au système d’origine américain. Ces plaques sont néanmoins différentes du modèle US standard) sont fixées par deux de chaque côté des engin. Là encore une modification spécifique à prendre en compte.
Les roues intermédiaires sont ici en position basse pour améliorer la mobilité en zone sableuse… Ce qui ne s’avère pas toujours concluant, ces roues ayant tendance à « fraiser » le terrain et accumuler ainsi le sable au détriment des roues suivantes !
Les jerrycan de 10 l. (eau), le phare de recherche, les paquetages, les lits pliants sont autant d’éléments qu’il faudra créer pour se rapprocher au plus près des engins du raid.
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Il ne vous reste plus qu’une séance de « photoshop » et à passer au noir et blanc pour se substituer au reporter de l’ECA qui accompagnait le raid en 1958 !